Je suis allé voir Mathieu, mon frère. Je l'ai trouvé en train de sculpter des figurines en bois. Il chantonnait. Je l'ai regardé longuement, par la fenêtre, avant qu'il m'aperçoive. C'est drôle, ce bonheur dans les petites choses. Il ressemble à Nathalie. Nous sommes allé nous promener, parlant du présent, du passé, de l'avenir. Nous avons toujours ce même plaisir à être ensemble, comme au temps de nos peurs, seuls dans notre chambre d'enfants. Mais après quelques heures, nous reprenons conscience de nos vies, qui nous appellent comme le murmure de l'amour, la morsure de la soif, de la faim. Alors, nous ne disons plus rien. Nous rentrons en silence, et notre séparation est sans joie.

Mon carnet renflait la poche intérieure de ma veste de chasse. Je l'ai ouvert.