Le secret du bonheur

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Une semaine plus tard, les 2 amies se retrouvèrent au même endroit, à la même heure. Ronron était présent lui aussi.

- Tu sais, j'ai fait une découverte étonnante : mon humeur paraît liée en partie à Ronron.

- Tu vois, c'est ce que je t'ai dit la dernière fois : les chats émettent des ondes de bonheur.

- Laisse moi finir. J'ai remarqué effectivement que quand je câline Ronron, mon humeur est plutôt meilleure, mais je ne crois toujours pas que les chats émettent des ondes.

- Voilà comment j'explique le phénomène que tu décris : quand tu câlines Ronron, ça le charge en satisfaction, ensuite il peut envoyer des ondes positives, et tu te sens bien.

Azura remettait une fois de plus sur le tapis cette explication abracadabrante.

- Pour moi, il y a une explication beaucoup plus simple : quand je passe un bon moment avec Ronron, je me sens bien, c'est plutôt logique. La seule chose étrange, c'est que l'état de bien-être tend à se maintenir pendant des heures, des jours, et même quand je me trouve loin de Ronron, ce qui contredit ta théorie.

Azura prit son air caractéristique de concentration. Visiblement elle cherchait à faire cadrer ce que venait de lui révéler Félicia avec sa théorie fumeuse.

- C'est parce que les ondes émises par les chats ont une longue portée, comme les ondes de la télé. Les ondes radio se propagent très très loin, à des centaines de kilomètres.

- Comment veux tu qu'un chat pesant moins de 5 kilos puisse avoir une puissance d'émission égale à celle d'une station d'émission de la télé ?

- C'est les merveilles de la Nature. On sait très bien que les organismes vivants ont des pouvoirs extraordinaires. Comme la puce qui peut sauter 300 fois sa taille.

- Oui, mais il y a des limites, même un lion adulte ne peut émettre un son à plus de quelques kilomètres de distance. Et un lion, ça pèse 250 kg, et ça possède les cordes vocales en proportion. Alors un chat de 5 kg …

- C'est parce que les ondes sonores et les ondes radio c'est pas pareil. Les ondes sonores se propagent dans l'air, elles s'affaiblissent donc très vite, alors que les ondes radio se propagent autrement, donc elles s'affaiblissent très lentement avec la distance parcourue.

Félicia devait reconnaître que son amie avait un certain répondant, et certaines connaissances en physique. Mais son histoire de chat émettant des ondes lui paraissait toujours aussi invraisemblable. Elle sentait toutefois qu'il lui serait difficile de démontrer par a plus b qu'Azura se fourvoyait. Alors autant laisser couler ce sujet, trop générateur de nervosité. La jeune fille regarda par la fenêtre pour retrouver sa sérénité. Heureusement, son amie n'était pas du genre pit-bull, à accabler son interlocutrice sous les arguments, ou alors elle n'en avait pas les moyens. Un silence bienvenu s'installa donc dans la chambre de Félicia, permettant à cette dernière de retrouver son entier calme. Seul le ronronnement du chat se faisait faiblement entendre.

La jeune fille se repassa le fil de la discussion avec son amie. Avant qu'elles en viennent au sujet de leur différend, Félicia s'aperçut qu'elle avait dit un truc important : le bien-être consécutif à une séance de câlins avec Ronron paraît se maintenir longuement, pendant des heures, contre toute logique. C'était cela qu'il fallait élucider, la seule vraie question sérieuse à aborder. Car la théorie d'Azura apparaissait manifestement trop fantaisiste. Inutile donc de dépenser son temps et son énergie à la contredire, elle ne pouvait mener à rien d'intéressant, Félicia le sentait. Elle devait plutôt s'attacher à essayer de comprendre cet étrange bien-être se maintenant pendant des heures, un phénomène qu'elle n'avait jamais observé auparavant.

Bon, il arrivait régulièrement qu'une joie perdure un moment en elle, mais elle déclinait assez vite, après la manifestation de la source de la joie. En quelques heures, la sensation plaisante avait déjà disparu. Avec le bien-être issu des caresses à Ronron, la sensation se maintenait à un niveau égal pendant des heures et des heures. Pourquoi donc ? Seule parmi toutes les sensations que Félicia avait jamais éprouvées, celle-ci évoluait de cette manière stable, contredisant ainsi le fonctionnement habituel des sensations. D'où provenait cette différence ? Cette question revêtait une importance capitale : ils s'agissait ni plus ni moins de l'existence du bonheur.

Félicia détourna son regard de la fenêtre pour reporter son attention sur son amie, en train de boucler ses devoirs. Azura essayait elle aussi de comprendre l'origine de ce bien-être permanent, mais elle en restait à une théorie simple, simpliste et irréaliste. Félicia devrait étudier le sujet sans idée préconçue. Elle ne pouvait avancer à première vue aucune explication de son bien-être durable. Mais il devait bien y avoir une raison, même si le phénomène de permanence de sensation lui paraissait pour le moment très mystérieux. En passant suffisamment de temps à réfléchir à la question, elle finirait peut-être par la résoudre. Elle se rappellerait alors le début de l'aventure, commencée dans sa chambre d'adolescente, affalée sur un pouf, entre son amie Azura et son chat Ronron, quand pour la première fois elle avait essayé de percer le secret du bonheur.

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