Épilogue :

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Alors que la lune était haute dans la nuit étoilée, une silhouette encapuchonnée gravissait le terrain hostile et rocailleux de l’immense montagne. Cette personne ne suivait pas les sentiers ordinaires mais n’avait pourtant aucune difficulté à réaliser son ascension.

Sur son chemin, un craquement sur sa gauche attira alors son attention. Elle se figea. Entre les broussailles, à quelques mètres seulement, elle distingua deux pupilles qui brillaient dans les ténèbres. Lentement, l’animal se dévoila sous la lumière de la lune. Il s’agissait d’un puma de presque cent kilos. Le fauve retroussa les babines, dévoilant ses puissants crocs, et gronda. Il était rare que l’un de ces animaux se montre aux hommes mais celui-ci devait désespérément rechercher de la nourriture. Et aucun être humain non armé ne pouvait espérer survivre à une telle bête.

Pourtant, l’inconnu encapuchonné n’esquissa pas le moindre geste ni ne montra le moindre signe d’inquiétude à l’égard du prédateur. Au contraire, même s’il était impossible de l’affirmer à cause de sa capuche, il sembla sourire. Le félin fit quelques pas dans sa direction, les muscles tendus. La faim lui dictait d’attaquer et de se repaître de la chair de cet imprudent qui se promenait seul la nuit sur cette terre sauvage. Toutefois, quelque chose le retenait. Son instinct lui soufflait qu’il y avait quelque chose d’anormal chez cet individu. Mais il ne pouvait ignorer une cible aussi facile. Il se mit à tourner autour de sa proie sans la quitter des yeux. L’inconnu, toujours immobile, suivit le prédateur du regard.

Après quelques mètres, l’animal passa sous l’ombre d’un grand pin. Soudain, son échine s’hérissa. Il venait de sentir le danger mais c’était trop tard. L’ombre de l’arbre prit vie et se referma sur le fauve telle une plante carnivore sur un insecte. Ce dernier n’eut pas le temps de réagir qu’il disparut sous ce voile de ténèbres. Après quelques secondes, les ombres se retirèrent, glissant sur le pelage du fauve, et replongèrent dans le sol. Le puma gisait mort, la gueule ouverte et les yeux vitreux.

L’inconnu se détourna, sans un regard pour la dépouille.

Lorsqu’il atteignit le sommet de la montagne, l’individu se redressa et balaya l’horizon du regard. Au loin, d’autres massifs surplombaient une grande ville bordée par la mer qui brillait de mille feux. Il abaissa sa capuche et dévoila enfin son visage. C’était un homme. Ses longs cheveux blancs et raides tombaient sur ses épaules. Une longue mèche dissimulait la partie gauche de son visage auquel la lune donnait un aspect fantomatique. Son œil droit, le seul visible, avait un iris aussi noir qu’une tache d’encre.

« Les mortels n’ont fait que s’étendre, dit-il d’une voix froide. Il est temps que vous reveniez, maître. Ils ont besoin d’être régulés. »

Malgré le ciel dégagé, un grondement de tonnerre résonna.

« Oui, reprit l’inconnu, cet endroit me semble parfait pour votre renaissance. Proche des cieux et difficile d’accès, la mer se trouve également à proximité. Vous n’aurez rien à craindre. »

Même si personne ne lui répondit, il poursuivit pourtant :

« L’attaque sur les créatures d’Astérion a eu le résultat escompté : son élu s’est précipité et a rompu la protection d’Atalamos. Désormais ils sont sans défense, blessés et doivent rejoindre les Hommes. Tout comme Peter. Mais je retarderai leur départ le plus possible. »

Un nouveau silence suivit et il tressaillit. Sa voix trembla lorsqu’il reprit :

« Je ne voulais pas vous désobéir, Seigneur ! Mais, ses réflexes et ses capacités sont supérieurs à ce que nous pensions. Vous l’avez vu par vous-même, il a su ployer les éléments à sa volonté ! En l’attaquant après la bataille… Je pensais que ses sens seraient émoussés et que mes flèches… »

Il s’interrompit et se prit la tête entre ses mains. Le souffle coupé et les dents serrées, il semblait en proie à une vive douleur.

« Pardonnez mon erreur, je ne vous désobéirai plus ! s’étrangla-t-il. »

La souffrance cessa car il put respirer à nouveau, haletant.

« Ne craignez rien, s’écria-t-il avec entrain, Astérion n’a pas encore fait le rapprochement ! Et lorsqu’il comprendra, il sera trop tard ! Mon cousin pense encore que les Xenos seront le plus grand danger qui se dressera sur sa route, mais il ne sait pas encore la menace qui le guette. Faites-moi confiance : lorsque votre hôte sera prêt, je me dresserai face à lui. Moi, Kelos, je lui prouverai que ses pouvoirs ne valent rien face aux miens. Nous aurons notre vengeance, père. Astérion paiera ses actes et les mortels ploieront le genou ou seront balayés et exterminés ! »

Un rictus déforma son visage tandis qu’un éclair bleu zébrait le ciel, dévoilant la folie qui habitait son regard. La montagne entière trembla.

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