Un gang de babouins prend un touriste en otage dans son Airbnb
Ce samedi 11 juin, dans la très prisée banlieue sud de Charleville-Mézières, un touriste -serbe par sa mère et ouzbèke par son père- s'est vu bloquer l'accès à sa location Airbnb par une horde d'immenses singes. Les assaillants, au nombre de 5 selon la police, et 8 selon la victime, auraient agi, selon le commissaire Babamsberg, en bande organisée. Retour sur une attaque déconcertante.
Vladimir Kalosdinov avait choisi cette location pour sa proximité avec le renommé zoo de Charleville-Mézières. Un joli appartement exposé plein sud, doté d'une baie vitrée dans un salon aux murs tapissés de tentures orientales et donnant sur la spectaculaire salle municipale Jean Jaurès, inaugurée en mai 2013 par le préfet de la région.
Après avoir cassé la croûte dans un bistrot du coin, et terminé son repas par un excellent Apfelstrudel aux poires, Vladimir se traîna jusqu'à son logis et s'écroula sur le canapé du salon, pour tomber aussitôt dans les bras de Morphée. Ce n'est qu'à quatre heures du matin que des grognements inattendus le réveillèrent. Les babouins avaient visiblement eu le temps de faire quelques parties de Monopoly lorsque le serbo-ouzbèke émergea et contempla, hébété, la scène surréaliste qui se déroulait sous ses yeux. Huit - ou cinq - gigantesques primates, vêtus formellement (les mâles en redingote, les femelles en robe de bal) se pavanaient dans le salon: les cris avaient visiblement été provoqués par la défaite de l'un des singes à Fifa. Pendant ce temps, une femelle essayait colliers qu'elle fourrait ensuite dans ses poches en jetant ça et là des coups d'oeil furtifs.
Le touriste regarda quelques minutes la scène, bouche bée: "Je croyais rêver, tout cela n'avait aucun sens. Je frottais mes yeux écarquillés à intervalles réguliers, comme dans les bandes dessinées, sans dire un mot." Une fois la surprise passée, le bonhomme prit peur et décida de faire profil bas jusqu'à ce que quelqu'un lui prête attention. Au bout d'une heure, celui qui semblait être le leader du groupe s'aperçut que le maître des lieux était parmi eux. "C'était un babouin blond à la toison fournie et à la barbe rousse, qui portait à la ceinture une kalashnikov dont il ne fit pas usage, Dieu soit loué" raconte Vladimir. Caressant d'une main son arme à la ceinture, rapporte la victime, l'animal désigna Vladimir du doigt et ordonna à deux de ses compères de le ligoter. Ils s'exécutèrent, et avec un brin de zèle le baïonnèrent.
Jusqu'à l'aube, affirme l'otage, les huit - ou cinq - primates se déguisèrent, jouèrent à chat glaçon, puis à 1, 2, 3 soleil, pissèrent dans des bouteilles et fumèrent du haschisch... Au petit matin, harassés et groggys, ils quittèrent d'un pas traînant l'appartement, laissant Vladimir ramper jusqu'à un téléphone pour composer le numéro de la police. Pour les enquêteurs, le lien avec le zoo est évident mais les preuves seront difficiles à établir... Comme le précise le gardien, "le samedi soir ici, le karaoké fait fureur, et compter les effectifs à cette heure-ci est bien mission impossible".
Le motif demeure flou. Si ce n'est quelques colliers de pacotille, rien n'a été volé. Quel était l'objet du forfait? Bien que l'attaque n'ait jusqu'ici pas été revendiquée, qu'aucun animal de la planète n'ait à ce jour manifesté une adhésion quelconque à une idéologie et qu'aucun élément ne suggère une telle interprétation, la piste terroriste n'est toutefois pas écartée par les enquêteurs.
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