Le bonheur

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J'avançais confiante, souriante et heureuse vers la préfecture. J'avais entre mes mains, une chemise remplie de tous les documents nécessaires pour la carte grise de ma voiture, ainsi que leurs photocopies. C'était la troisième fois que je venais, la première fois il manquait un document, la deuxième fois il y avait un problème informatique. L'administration vous apprend à être patient à toute épreuve. Je sentais que cette fois ça allait être la bonne, j'aperçus une file interminable d'étrangers. Pour beaucoup ils ont dû passer la nuit là-bas, pour se retrouver en face d'une personne antipathique et dont les muscles du visage refusaient de sourire.

La préfecture ouvrait dans cinq minutes, je me dirigeai près de la grande grille, mais pas du côté des étrangers. Il y avait trois personnes avant moi et deux agents de police, un vieux monsieur qui ne devait pas être loin de la retraite, et une femme qui de loin avait l'air d'un homme car elle était grande de taille et musclée avec une coupe garçon.

Deux spécimens humains qu'on retrouve dans chaque administration sortirent fumer avant l'ouverture des portes. C'était deux femmes de plus de quarante-cinq ans, maigres et avec des lunettes. L'une d'elle lança :

_Pierre va revenir travailler aujourd'hui.

L'autre pouffa de rire :

_Sa copine s'est enfuie avec quelqu'un et elle lui a volé pas mal de choses.

_Oui il a fait une dépression, mais où avait-il la tête ? Comment une jeune femme belle peut accepter de vivre avec ce vieux grincheux ?

_Maintenant, on sait pourquoi.

L'une d'elle croisa mon regard, je lui souris en pensant qu'il était probable que ce soit elle qui aller traiter ma demande. En guise de réponse, elle détourna son regard et écrasa sa cigarette avant de retourner à l'intérieur.

Les deux agents crièrent des instructions aux étrangers, les portes s'ouvrirent.

La policière me palpa pour s'assurer que je n'avais pas d'explosifs dans mes soutiens-gorge. Je pris un ticket, et m'assis en face du guichet où il y avait écrit "Cartes grises". Il y avait un homme d'une cinquantaine d'années qui s'occupait des cartes grises, il n'avait pas l'air commode. J'avais tous les documents demandés, donc aucun de rejet pour ma demande ce fut la raison pour laquelle j'avais juste pris la matinée et pas la journée.

Je pensais que j'avais la vie dont j'ai toujours rêvée, un bon travail, un bon appartement et bientôt j'allais être derrière le volant d'une Audi A3 achetée à moitié prix sur un site internet. Je m'imaginais, rouler la nuit à toute vitesse avec comme musique : Déjà Vu de Initial D. Ma mère a eu tord de penser qu'il y avait quelque chose de louche dans mon achat.

Une main me touchant l'épaule, me fit revenir à la réalité :

_Madame, je pense que c'est à vous.

_Merci.

Je me levai d'un coup et je me dirigai vers le guichet, et moi tout sourir :

_Bonjour !

L'homme derrière le guichet puait, il portait une vielle chemise et cela se voyait qu'il n'avait pas été chez un coiffeur depuis longtemps.

_Bonjour, marmona-t-il. Je peux voir les documents s'il vous plaît ?

_Oui monsieur !

Je lui tendai la chemise, il en fit sortir les documents et commença à lire et à vérifier, ma voiture était dans la garage de mon immeuble, elle était si proche et si loin à la fois.

Le teint de l'homme devint blême, non il ne devait pas mourir, en tout cas pas avant que ma demande ait été enregistrée.

_Ce n'est pas possible, cria-t'il en fixant un document.

Mon coeur commença battre rapidement, je ne savais pas quoi répondre ni à quoi je devais répondre. Tout le monde se retourna pour regarder de notre côté, même les gamins des étrangers qui gueulaient ne sont tûs. Le vieux policier alla de l'autre côté du guichet et demanda au fonctionnaire :

_Qu'est-ce qui se passe Pierre ?

Merde c'est le dépressif qui va gérer mon dossier, d'un coup Pierre donna un coup de poing au vieil agent de police qui tomba par terre évaoui. Il se jeta sur lui pris son arme, et la pointa vers moi, j'étais tellement pétrifié que je ne savais quoi faire. Heureusement que mon vessie n'était pas pleine, sinon j'aurais arrosé le sol. Tout le monde se mit à crier et s'enfuir de la préfecture. On était plus que quatre personne dans cette préfecture : Pierre, le pauvre agent de police, sa collègue qui venait d'entrer et moi bien sûr.

_Ne me tuez pas ! Je vous en prie.

_C'est ma voiture, cria Pierre. Tu es de mêche avec elle, vous avez volé ma voiture !

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