Chapitre 39

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L'air de la montagne semblait s'être encore refroidi. Paul était persuadé qu’il aurait dû prendre l’autre chemin. Et pourquoi Tristan ne l’avait-il pas attendu ? Qu’est-ce qu’il faisait ? La panique commença à le gagner. Un cri au loin. Il s’arrêta. Il ne rêvait pas cette fois-ci. Il se concentra pour l’écouter. Pas de doute, il entendait bien quelqu’un crier. Il reprit sa marche plus déterminé que jamais. Plus il avançait, plus la voix se rapprochait.

— Pauuuuul….Pauuuul….

La voix de Tristan qui l’appelait.

— Je suis là, j’arriiiiive, cria Paul de toute ses forces. Il avait l’impression de courir à présent, tellement il déployait d'efforts pour avancer. Tout à coup, il vit au loin une forme qui se transforma en silhouette.

— Tristan, j’arrive, ne bouge pas, cria-t-il, la bouche en feu à force de hurler.

Il vit Tristan, allongé le long d’un arbre, les yeux exorbités.

— Paul, je commençais à désespérer. J’ai cru que tu n’arriverais jamais.

— Mais t’étais où ? T’as disparu tout à coup !

— Je croyais que tu suivais. Au carrefour, j’ai pas vu de panneau. Comme tu ne venais pas, j’ai paniqué, j’aurais dû t’attendre, je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai tourné à gauche au hasard, mais j’ai fait demi-tour, persuadé que je m’étais trompé... Pourquoi tu souris ?

— J’ai cru la même chose en prenant à droite. Heureusement que je t’ai entendu.

— Tu m’étonnes, je suis vraiment désolé.

Il se releva péniblement.

— On est malins de se faire des frayeurs comme ça. Mais en attendant, ça ne nous dit pas si on a pris le bon chemin, dit Paul inquiet.

Ils décidèrent finalement de poursuivre le chemin devant eux pendant une dizaine de minutes.

— Paul, regarde un panneau ! Sauvés ! s’exclama Tristan tout en enlevant la neige qui cachait la direction.

— Il reste un kilomètre et demi, dit-il avec soulagement.

Ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre, fous de joie, avant de reprendre leur marche. Bientôt, ils aperçurent droit devant, entre deux versants de montagne la station de ski. Ils arrivèrent au téléphérique, morts de fatigue.

*

Une fois dans leur chambre, ils s’affalèrent sur le lit. Qui allait prendre sa douche en premier ? Tout à coup, comme si on leur avait donné le top départ, ils se dépêchèrent pour se déshabiller le plus vite possible.

“Le premier à poil va à la douche” dit Paul avec un clin d'œil rusé.

“C’est pas juste, la fermeture éclair de ma combinaison est à moitié cassée” répondit Tristan qui s’efforçait de remporter le défi. Paul retira son slip en premier avant que Tristan n’enlève enfin sa combinaison.

— Cache-moi ces fesses que je ne saurais voir car sinon il y en a un qui va être jaloux, dit Tristant en riant.

— C’est pas comme si tu n’avais jamais vu mon cul ! Ça fait du bien de sentir l’eau chaude, comme c’est agréaaaaable ! cria Paul depuis la douche.

— Salaud, tu ne perds rien pour attendre ! renchérit Tristan qui passa la tête à travers la porte de la salle de bain.

Après la douche de Tristan, ils commencèrent à faire leur valise. Le départ était prévu pour le lendemain, en fin de matinée. Vers vingt heures, ils descendirent au restaurant pour dîner.

— Rien de tel qu’une bonne raclette pour finir le séjour en beauté ! dit Paul.

Le frère de Tristan était de service ce soir-là. Il leur apporta une bouteille de vin pour fêter leur séjour.

— Heureusement que vous jouez à domicile. Vu vos têtes fatiguées, je ne suis pas sûr que l'alcool vous réussisse, annonça Emmanuel.

— Quel rabat-joie ! Je trinque à ces vacances inoubliables ! À notre dernière randonnée où nous avons failli nous perdre et périr lamentablement en pleine forêt, déclama Tristan.

— Et dire que j'aurais pu être enfin débarrassé de mon frère, encore une occasion manquée ! asséna Emmanuel, secouant la tête, faussement dépité.

La randonnée leur avait ouvert l'appétit. Les deux garçons attaquèrent sans plus attendre leur repas. La soirée prit des couleurs de confidences, ponctuées de souvenirs de lycées et d'éclats de rire que seul leur duo pouvait savourer à leur juste valeur.

*

Après ce repas plus que copieux, ils retournèrent fourbus dans leur chambre. Ils se brossèrent les dents en même temps. Concours de grimaces dégoulinantes de dentifrice. Ils étaient à présent allongés, les mains croisées derrière la tête, à la lumière de la lampe de chevet.

— C’était génial cette rando, Tristan.

— Pour moi aussi. C’est la première fois que l’on passe autant de temps tous les deux, non ?

— Oui. Il faudra que l’on se fasse ça plus souvent, un week-end par exemple.

— Bonne idée. Tu sais, j’ai réfléchi pendant le séjour. Remarque, j’ai largement eu le temps de gamberger pendant que te ramassais dans la neige ! Je crois que j’avais surtout besoin de souffler. Marianne avait raison, ces vacances ne pouvaient me faire que du bien. J’ai envisagé de la quitter…”

— Mais…

— Mais sans elle, je crois que c’est impossible.

— Comme c’est mignon un Tristan amoureux.

— C’est ça, moque toi ! On en parle de celui qui téléphone à son petit ami un jour sur deux ?

Paul lui fit un doigt d'honneur.

— Tu te dis que je suis accro j’imagine. Tu n’es pas loin de la vérité. Quand je suis avec lui, j’aimerais suspendre le temps ou l’allonger indéfiniment pour profiter de lui autant que je veux. Et quand je suis seul chez moi, il me manque déjà. Je ne pense qu’à lui. Pourtant, cela ne m’empêche pas d’avoir peur.

— Comment ça ?

— Nous sommes attirés par ce qui nous effraie. La peur est un défi, comme dirait mon père.

— Vous devenez bien trop philosophe pour moi mon ami ! Je déconne, Paul ! Je vois ce que tu veux dire…

Ils regardaient le plafond et méditaient les paroles de Paul. Tristan finit par passer la main sous son bas de pyjama.

— Même si je suis content d’être ici avec toi, je t’avoue que j’ai hâte de rentrer et de faire la paix avec Marianne. Parce que ça commence à faire longtemps qu’on n’a pas…

Il commençait à se masser l’entrejambes. Paul s’en aperçut.

— Et dire que tu me traitais d’obsédé il n’y a pas si longtemps.

Il laissa son regard se poser sur la main de Tristan. Leurs yeux se rencontrèrent brièvement.

— J’ai trop envie, là, maintenant, murmura Tristan.

— On n’est plus au lycée, à se faire un concours de branlette sous les douches, si ?

— T’as raison, j’ai dû boire un peu trop de vin ce soir. Excuse-moi, se justifia Tristan, rouge et confus.

— Non, t’inquiète, ce n'est rien. Le problème, c’est que tu m’as donné envie à moi aussi, osa Paul tout bas.

Tristan tourna la tête vers Paul qui glissait à son tour la main dans son pantalon de pyjama. Il eut un petit rire étouffé, à peine plus qu’un soupir.

— Putain arrête Paul, ça me redonne trop envie là.

— Moi aussi, j’ai du boire un verre de trop, dit Paul dans un fou rire.

— Bon allez, c’est la dernière entre potes, pour fêter la fin des vacances ! dit Tristan.

— Ok, la dernière... Mais on éteint la lumière cette fois-ci alors.

— Ça roule, dit Tristan qui éteignit aussitôt la lampe de chevet.

Tristan imagina Marianne dans le plus simple appareil et fut excité rapidement. Il entendait la respiration de plus en plus saccadée de Paul et revoyait les images fugaces d’eux, sous les douches du lycée. Il poussa un petit râle de plaisir. Il entendit Paul jouir juste après lui.

— Putain, j’en ai partout, s’amusa Paul. Il attrapa un mouchoir en papier.

— Pas mieux, gloussa Tristan.

— Merci pour ce moment intense, rajouta Paul, qui ne pouvait plus s’empêcher de rire.

— C’est tout naturel, entre amis. J’espère que je t’ai pas trop excité !

— Tu prends tes rêves pour des réalités, idiot !

— Allez, on dort maintenant. Je suis mort de fatigue, répondit Tristan en riant de plus belle.

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