Papounet et choupette

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Je regardais mon papa avec amour. Quand je m’adressais à lui, je l’appelais toujours « mon papounet » et il aimait me surnommer sa « choupette ». Du haut de mes douze ans, je lui demandais sans cesse d’arrêter ces stupidités, surtout quand je rentrais à la maison avec des amis. Je ne souhaitais pas que mes camarades me prennent pour une fille à papa, ou qu’ils se servent de ce surnom débile pour m’embêter. Normal, non ? La vie à l’école me paraissait déjà assez compliquée comme ça.

Étrangement, depuis plusieurs minutes, je n’arrivais plus à l’appeler « mon papounet ». Dans l’urgence de la situation, le mot « papa » m’apparaissait bien plus adapté.

— Papa, attention !

Une forme dégoulinante de sueur, bave, restes humains, cerveaux arrachés et… autres choses non identifiables, se jetait sur lui, un horrible rictus sur les lèvres et un couteau de cuisine à la main. Dans sa zombitude incarnée, ma mère n’avait finalement pas beaucoup changé. Elle ressemblait encore à ce monstre humanoïde sur pattes qui s’amusait à me battre et qui soumettait mon père dès qu’elle en avait l’occasion. Son aspect extérieur s’harmonisait enfin avec son intérieur malsain, même s’il fallait rajouter à tout ce bazar sa faim insatiable de cerveaux humains. Là, je devais avouer qu’elle nous épatait.

Le monde partait-il en vrille ? Le virus zombie avait-il atteint la Terre sans que nous le sachions ? Ma mère se droguait-elle ? Notre maison avait-elle été construite sur un nexus du mal, ou un truc du genre ? Mon père adorait la série Charmed, je la connaissais par cœur. Démasquée, haha ! Je n’avais pas trop le temps d’allumer la télévision pour regarder les infos, alors je n’aurais pas ma réponse de sitôt. Puis, nous avions un problème un peu plus épineux sur le dos, enfin dans le salon, et pas épineux, mais « dégoulineux ». Beurk !

Enfin bref, elle l’avait bien mérité, cette grognasse. Ce mot, quel délice en bouche ! Il fallait dire que je ne l’aimais plus vraiment beaucoup, ma mère, depuis qu’elle m’avait cassé la jambe droite suite à l’une de ses beuveries nocturnes. Une vraie alcoolique de service, celle-là !

— Haaaaaa !

Je lâchai un hurlement qui m’aurait rapidement promue au top dix des cris les plus stupides de la planète. Mes béquilles partirent dans tous les sens et je heurtai le canapé de plein fouet. Je faillis vomir devant la vision de la chose volante non identifiée que j’avais esquivée de justesse : une boule visqueuse et verte qui ne sentait pas la rose. Glurp !

À plat ventre sur le parquet, je rampai pour me cacher derrière le sofa. De là où j’étais, je pouvais assister à la scène en évitant de me faire remarquer. Mon père se battait avec férocité à l’aide du tournevis qu’il entreposait dans le meuble de la télévision, au cas où, et ma mère avait apparemment abandonné son couteau pour se servir de ses mains. Ses cris hystériques commençaient à me vriller les tympans. Pourquoi les zombies hurlaient-ils toujours à la mort ? On ne comprenait rien à ce qu’ils disaient, de toute façon.

À suivre...

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