Prologue
Altaé courait.
Elle courait à perdre haleine. Elle entendait les supplications des villageois, leurs râles d’agonie, les sabots des chevaux qui frappaient le sol, les hurlements des assaillants.
Altaé s’était instantanément mise à courir quand elle avait perçu l’injonction de Pa : « Cours Altaé, sauve-toi, va dans la forêt ! »
Elle courait dans le champ de pulo, la céréale était encore verte, mais elle était déjà plus haute qu’une gamine d’une douzaine d’années. L’ordre de Pa, car c’en était un, n’avait pas retenti aux oreilles d’Altaé, il avait résonné dans sa tête. Elle avait cru que ça n’arriverait jamais, mais Pa l’avait préparée : « Parce que tu entends les pensées, un jour des chasseurs viendront pour te capturer. Ce jour-là, tu devras fuir immédiatement, te réfugier dans la forêt. »
Altaé courait, le pulo la dissimulait aux yeux des chasseurs. Elle avait interrompu sa course lorsque Ma avait songé : « rentre chez toi mon enfant ». Mais Pa l’avait bien conditionnée, elle avait immédiatement repris sa course. Cours, ne pense qu’à courir, ne pense à rien d’autre avant d’être en sécurité.
Altaé courait depuis deux heures, Pa avait fait d’elle une athlète, rapide et endurante. Ne te retourne pas, cours. Quand elle sortit du bois doré, sa volonté fléchit, elle se retourna, un énorme panache de fumée montait d’où s’était trouvé son village. Une erreur, elle venait de commettre une erreur, elle devait repartir. Elle n’était plus qu’à une lieue de la forêt. Une lieue, en pente douce, mais totalement à découvert. Se sachant visible du village elle accéléra.
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Une lieue ➢ environ 4,5 kilomètres
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