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La douceur du moment est terriblement apaisante. J’oublie l’œil, j’oublie les tentacules, même ma course effrénée, noyée dans la panique. Seul reste la voix, et l’homme. Le contraste entre la chaleur du four et la fraicheur de son souffle est délicieuse. Je me sens à l’abri, protégée. Nous restons ainsi de longues minutes, des heures même.

Il bouge la tête, farfouille à travers ma chevelure pour atteindre mon cou. Ses lèvres en caressent tendrement la peau, je frémis en me collant un peu plus à lui. Ses mains remontent lentement mon dos, ma respiration s’accélère.

Petite pensée, es-tu à moi ?

Je suis pétrifiée, n’ose répondre. Cela semble lui suffire. Il remonte doucement mon cou, embrasse ma joue. Ses poils de barbe me piquent. Je ne remarque tout cela que vaguement, concentrée sur la chaleur naissante de ses mains. Ces dernières ont fini leur remontée à la base des deux longues écharpes. Il appuie dessus pour les coller à ma peau, de plus en plus fort. Je commence à sentir une douleur, comme si mon dos était appuyé contre un four en train de chauffer. Je commence à me tortiller, mais sa poigne est irrésistible. On dirait qu’un feu me dévore ! Je crie, mes ongles griffent son torse. Son sourire s’accentue, il me force à le regarder dans les yeux. Je me fige sur ses iris couleur émeraude. Il en profite pour m’embrasser sauvagement. Il m’a totalement en son pouvoir, je pleure de douleur, ne peut rien lui refuser. Je ne sens plus mon dos, la douleur me fait divaguer.

Enfin, il me relâche. Il s’éloigne totalement de moi, me laissant seule, au-dessus du four. Je pousse un cri de terreur, m’attendant à chuter, mais rien. Je vole moi aussi. En fait, je n’ai même plus mal.

Tu es magnifique, mon ange.

Il sourit, je ne comprends pas. J’analyse la situation, me sens… étrange… différente. Je détecte un fin bruissement dans mon dos, un son régulier. Je tourne légèrement la tête, apeurée à l’idée de revoir l’œil unique, mais à la place, ce sont deux longues ailes faites de plumes que je découvre. Je me fige, surprise, elles font de même.

Je chute ! La gueule infernale vers laquelle je plonge à l’effet d’un coup-de-poing. Je tends les bras devant moi par réflexe. Les ailes, mes ailes, imitent mon geste. Je me stabilise, remonte le plus vite possible vers le haut, jusqu’à me cogner à un plafond de pierre. L’homme rit alors que je me masse le crâne. Il me tend la main, m’invite à l’accompagner.

Je me sens si calme. Comment ai-je pu avoir peur de lui ? Confiante, j’enserre ses doigts des miens et le suit sans hésiter. Il m’amène alors dans un tout autre lieu. Chaud, agréable, éclairé par un petit soleil aux belles nuances de verts. Nous volons au-dessus d’une magnifique forêt, droit vers l’astre solaire. Je distingue tout autour de lui d’autres formes ailées. Mon compagnon, mon aimé peut-être, m’y amène tout droit.

Te voilà chez toi, mon ange.

Son corps commence à disparaître, comme un mirage. Non, je ne veux pas qu’il parte. Je me colle derechef à lui, l’embrasse passionnément en le suppliant de rester. Il rit, amusé de mon attachement. Il cesse de s’éloigner, le temps de me calmer, avant de doucement me pousser du plat de la main dans le dos vers ces êtres ailés qui viennent m’accueillir à l’unisson. Je l’oublie rapidement pour découvrir d’autres femmes ailées. Nous nous ressemblons toutes étrangement, trop même. Je n’y pense déjà plus. Je me sens déborder d’ondes positives. Elles me serrent chacune leur tour dans leurs bras. Certaines rient, d’autres pleurent de joie. Puis, tenue par les mains, elles m’amènent voleter avec elle autour de ce soleil vert. Je me sens si heureuse d’être ici. Je réalise quelques cabrioles, ne pense plus à rien. Je me plais à voler.

Je perds toute notion du temps. Parfois, d’autres femmes ailées apparaissent. Elles semblent accompagnées d’un homme. Je vais les accueillir comme mes congénères. Parfois, je regarde vers le bas, vers la forêt et la mer qui la borde.

Tiens ? Un corps est allongé sur la plage de galets. Est-ce une nouvelle sœur ?

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Mes amours,

Soyez heureuses, ici.

Je suis navré, je ne peux rester en votre douce présence.

Il me reste tellement de pensées, de toutes petites pensées, à attraper.

Commençons.

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