Culpabilité
Ce ne fut réellement que quatre ans plus tard, en lisant certains articles sur l'avortement, que la douleur remonta, terrible. Les accusations silencieuses des personnes de l'époque n'aidaient pas à se sentir mieux. La culpabilité, l'absence d'enfant auprès d'elle, s'accumulait au fil des années. Chaque discussion, lecture ou visionnage de film sur l'avortement, lui renvoyait sa culpabilité.
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Quand elle a commencé à sortir avec son premier petit copain, qui voulait aller plus loin que de simples caresses et baisers, tout a basculé. Pour elle, il n’avait pas le droit de la toucher, là où ses frères lui avaient fait du mal. Il ne comprenait pas pourquoi elle se refusait à lui. Un jour, elle a décidé de lui dire oui. Pourtant, il n’a jamais réussi à la pénétrer, comme si, inconsciemment, son corps ne voulait pas.
Comme la solitude était pesante les premières années, elle décida de mettre la rancœur contre son père de côté, et de retourner, de temps en temps, en week-end chez lui. Au début, les relations étaient difficiles, la nouvelle amie de son père n’acceptait pas les venues de sa fille. Elle entendait parler de ses frères, mais ne les voyait jamais.
En 1997, elle y passa les vacances de juillet. Fabrice, son deuxième frère, était là aussi avec sa fille. Ils avaient un chat que la petite martyrisait. Elle se proposa de l’emmener chez elle. Le retour en train fut chaotique, Hérodote miaula durant tout le trajet, faisant rire certains et râler d’autres. La vie reprit son cours.
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