Sur ses cinq frères à avoir abusé d’elle, seul Fabrice, son deuxième frère est venu la voir, s’est mis à genoux en pleurant. Il reconnut que cela faisait des années qu’il pensait à ce qui s’était passé. Qu’il s’en voulait ! Qu’il voulait lui aussi s’en sortir ! Elle lui expliqua qu’elle avait rencontré un homme merveilleux, mais que ses peurs, ses traumatismes l’empêchaient d’être heureuse et de rendre son mari heureux. Comment aimer un homme, sentir ses mains sur soi, en ressentant du dégoût, parce qu’elle croyait que les monstres étaient toujours là ? Comment demander à son mari de ne pas venir l’embrasser avec les cheveux mouillés, de ne pas renifler quand il venait l’embrasser ou lui faire l’amour ? Fabrice avait toujours eu ce tic de remuer son nez en reniflant. Ce bruit dans son oreille, quand il la violait, l’avait marquée. Elle ne voulait plus l’entendre. Ne pas l’imaginer non plus. Refuser de faire l’amour dans le noir, pour être sûr que c’était bien son mari qui était là. Ne pas fermer les yeux, pour ne pas les voir. Trouver des prétextes pour qu’il ne la touche pas, parce qu’elle était sale. Par ce qu’elle ne méritait pas tout cet amour qu’il lui donnait. Seul frère qui l’a soutenue, qui est toujours là, présent, à sa place de grand frère !