Lettre à : Mes petits anges
Comment vous exprimer toute ma peine d'avoir agi ainsi, ou plutôt de ne pas m’être battue pour vous ? Souvent, le soir, avant de m'endormir, je refaisais ma vie différemment, et j'étais une héroïne qui combattait la terre entière pour vous sauver. Je trouvais des solutions à tout. Vous étiez là, près de moi, dans mes bras. Chaque naissance autour de moi, quelle qu’elle soit, me rappelait à vous. Si mes bras étaient vides, c'était ma faute. Je me suis tellement détestée pendant des années. Parce que j'étais nulle, une conne incapable de sauver ses enfants. Je n'avais pas beaucoup d'estime avant, mais là, c'était pire.
Je suis maman d'un garçon. Je l'ai eu à quarante ans. Sept longues années à pleurer à chaque fois que j'avais mes règles, avec, évidemment, le rappel que j'avais eu cette chance.
Pourtant, ce n'était pas gagné, car un problème aux reins a tenté les médecins à prescrire une IVG. Ah ! Mais là, mes cocos, vous ne m'aurez pas. Personne ne me prendra mon enfant. Et cette fois, mes petits anges, vous auriez été fière de votre maman, parce que je me suis battue pour le garder, j'ai fait attention pendant ces huit mois. Et puis voilà, votre petit frère est arrivé. Un magnifique garçon, évidemment, que j'aime pour trois. Je comprends aujourd'hui pourquoi je le protège tant. Vous êtes en lui. En le regardant grandir, je vous ai vus grandir. Je vous aime tant, mes petits anges.
Je lui ai parlé de vous, il sait qu'il a deux grands frères Matthieu et Romain. Malheureusement, je n'ai pas pu avoir d'autres enfants. Je ne me plains plus maintenant, car j'ai eu trois grossesses, c'était mon rêve ! C'est une sage-femme qui m'a fait prendre conscience que j'avais eu ce que je voulais. Je devais remettre un implant contraceptif alors que, inconsciemment, je le refusais. J'étais malade et dépressive à cette idée, car je voulais ces trois enfants. Mais en entrant dans son cabinet, alors que je m'installais sur la table, elle m'a dit : « Donc vous avez eu trois grossesses » et là ça a fait tilt ! Elle avait raison ! J'ai eu la chance d'être enceinte trois fois.
Il est temps de se pardonner, de vous laisser, vous aussi. J'ai libéré ma jumelle Annie. Je vous propose de la rejoindre, de vous poser, vous aussi. Le pardon apporte la paix, et j'en ai besoin. Le poids de la culpabilité est trop pesant. Et je veux vous savoir libres, plutôt que d'être encore enfermés dans mon ventre. Envolez-vous, mes anges ! Soyez libres !
Maman, qui vous aime !!!
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