Je peux le dire maintenant :
Voilà, une page de tournée.
Il aura fallu un an pour mettre sur papier mon histoire. Une année pendant laquelle des choses oubliées ont refait surface et m'ont mis en souffrance. Mais c'était un mal pour un bien, dit-on. Pourtant, en regardant, derrière moi une fois encore, je me trouve mieux.
Ce travail ne s'est pas fait tout seul. J'ai reçu l'aide inestimable d'un Scribayen, qui a su me soutenir et me diriger pour que ce récit soit réalisé. Grâce à lui, j'ai eu le courage de témoigner à la CIIVISE (Convention Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux enfants). Ce fut très douloureux, mais bénéfique. « J'ai parlé », alors que l'on m'avait fait taire toute ma vie !
Aujourd'hui j'arrive à sourire, même si j'ai failli perdre ma plus belle création — ma famille — parce que la petite fille avait pris place dans ma vie. Pour elle, le bonheur, la joie, l'amour n'existe pas. Tout est mensonge.
J'ai repris contact avec une psychologue-hypnothérapeute afin de m'aider dans ma reconstruction. J'ai enfin compris que mon inconscient gardait en mémoire un mode de fonctionnement destructeur, qui me poussait à détruire le moindre bonheur que je pouvais recevoir. Comme si être heureuse n'était qu'un leurre, et que seuls la souffrance, les larmes, le déshonneur étaient une normalité. Je détruis tout ce qui peut me rendre heureuse, au détriment de mon mari et de mon fils. Poussant mon mari à se fâcher après moi, le poussant à me rabaisser pour entendre encore que « je suis nulle », que je ne mérite pas d'être aimée et encore moins d'être heureuse.
Je refuse que cette petite fille meurtrie m'empêche de vivre enfin une vie que je mérite. Encore une fois, je vais être une guerrière et combattre pour que la femme adulte, que je suis, soit en tout point à sa place, vivante, heureuse, amoureuse et aimée.
Un grand merci pour le temps que vous aurez passé à me lire.
Léa
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