I - Aau
Version chantée : https://on.soundcloud.com/EFmB9
Ô Rassir, vaste mémoire,
Maître des instants ruisselants,
Que me viennent du Lekiamar,
d’Aau les primes heures :
Tous ses échos retentissants
Et qu’en cette illustre assemblée,
Sans méfaits je me remémore,
Bien des désastres et hauts faits.
Seul Roi en Asvona il fut,
Couronné d’écailles d’airain.
Prince de ces temps révolus
Errant, éternel pèlerin,
En ses apanages radieux,
Sans aucune lutte, ni partage
Sans aucun ost, ni hommage,
Qu’il régentait au nom des Dieux.
Long fut son règne solitaire,
Et grande son envie qu’il cesse.
Jà en son esprit prolifèrent
Les rameaux drus de son espèce.
Ignorant les joies d’être seul,
Porté par les voix de son cœur
Il les convoque sur le seuil
Prêtant ses albes flancs aux malheurs :
Voilà Shara et ses victoires,
Valri l’effroyable infidèle,
Etral le dépourvu d’égards,
Et Cehiss l’âpre sentinelle.
Voici Syccyu la Balafrée,
Phyim déplorable indécis
Et Hajer le tout dernier-né:
Tous d’Aau les cruels supplices.
Mais en Aaushali céleste,
C’était Joie qui régnait encore,
Mettant au ban le sort funeste
Les guettant sans cesse pour lors.
Kelòs, en son royaume muet,
Enragé par un tel essor
Convoqua Meris la Nuée,
Qui leur donna goût à la mort.
À cet instant, le Loup rugit,
Alouvit le sage et le fou,
Aiguise fort leurs appétits,
Sans qu’ils puissent en avoir leurs soûls.
Et Leko en son fief divin,
Ne pouvant pas être l’égide
De ses créatures sublimes,
Souffre des songes sibyllins.
Jà en son antre méphitique,
Viòs fomente et s’ébaudit,
Mûrit des signaux prophétiques :
Mauvais rameau pour mauvais fruits.
L’âpre choix s’imposa dès lors,
Aux Aavòs, l’orgueil de Leko
Subsister par la chair ou l’or,
Ci des primes fureurs l’écho.
Aau, en son abri se mure,
Les privant tous de sa splendeur,
Il noie en rêve ses brûlures,
Sa pensée contre sa langueur.
Laissant ses enfants à leur sort,
Son héritage à l’agonie,
Voilà qu’il désire en son for,
Les obscurs bienfaits de l’Oubli.
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