Les vieux gothiques
Bruns de kystes, grenés, l’oignon cerné de bogues
Noires, leur dos voûté crocheté aux vieux clous
D’un squelette brisé, chuintant des monologues,
Brèches d’un mémorial peuplé d’un passé flou.
Galériens des couloirs, venant et revenant,
Spectres d’une inutile et stérile quiétude,
Au regard tumescent de sourires au jusant ;
Le visage obscurci d’une étrange hébétude.
Enchevêtrés dans un dédale neuronal,
Ils piétinent, hésitants au milieu du brouillard
De ces frimas d’octobre, extincteurs de fanal,
Gabiers hallucinés, perdus, fiévreux, hagards.
Craintifs, le nez baissé, le coeur ratatiné,
Pupille au supplice, javelée de danger ;
Sur l’angoisse d’une sénescence obstinée ;
Indicible vision pour un corps étranger…
Etincelle de vie, l’acuité du regard,
Juste pour un instant, une urgence lucide,
Un souris vagabond sur un vernis blafard
Ombre d’une lueur que le présent trucide.
A se demander quoi, l’un reste là, bloqué
Dans les reflets de soi, buté comme un insecte
Trompe à la fenêtre. Squelette disloqué,
Pivote à petits pas, glaire au bec, mec, débecte.
L’autre, bute, vacille, au mitan d’un couloir
Hésite et titube et bascule et croule face
Contre terre, vague choc, hurlements au gueuloir
Le gotha nébuleux se tourmente et s’agace.
Sur une méridienne, un troisième surpris
Cheveux gris boursouflés, les yeux exorbités
Marmotte d’un heurtoir, égorgillé de cris,
Bondit et rebondit crocs aux draps délités.
Un hurlement, un pleur, un rire se hérisse
Puis un deuxième puis un troisième fait suite
Une marée de fous rires, gonflés d’aurisse.
Ne les bâillonnez pas, ils vous mettraient en fuite.
Geôlier des spectres de l’enfer et des regrets
Œil des remords soupirs de la femme battue
Vois les muses téter la gale des hourets
Au trayon des tourments et leurs gueules dentues.
Veille aux semences de la grogne ténébreuse,
Cerbère des bas-fonds, aux actes de Psyché,
Elle te foudroierait de son orbite creuse.
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