Enterrer quelques placards

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Inquiet, non ?

Je remarque une certaine inquiétude dans ton regard,

À la manière d'un étang qui se trouble en l'absence de lumière, de vent et vie.

On dirait que tu as peur, que tu es terrorisé, à force de courir dos au mur ; tu regardes les étoiles et tu les appelles par leurs noms qui brûlent ta langue fânée, tu persistes à investir ta force du feu rongeur, scrutateur qui dépece les rêves des morts.

As-tu crié ton nom, là haut, quand tout a chu ? Tu étais magnifique, drapé dans ta poussière de sang et tes croûtes de mérite, tes pustules de succès qui éclataient sous les poinçons de ton ego brisé, des morceaux plus tranchants que les insultes que tu m'as dis ce jour-là.

C'étaient les caricatures de la vitre qui t'ont perdu, mais lorsque tu brises la cadence de l'horloge, tu bondis toutes cornes dehors et tu éventres les tuiles.

Je t'ai retrouvé là, dehors, sous la pluie, avec tes rubans pourpres de danseur qui sillonnaient depuis ton coeur.

Je t'ai vu te relever en hurlant que tu voulais sortir et j'ai saisi : tu n'étais pas dehors ; dehors est l'aube qui annonce la mort pour introduire les idées.

Je t'ai donné le vert des pommes, je t'ai apporté le bleu du ciel et celui de l'eau, je t'ai permis d'effleurer la violette de mon coeur et tu en as eu peur. Tu es parti.

On aurait dit la foudre qui s'était mué en taureau furieux : ton bras traçait des sillages fulminants et le tonnerre de tes cordes vocales passaient du baryton à la craie du tableau.

Tu t'es sacrificié sur l'hotêl du goudron, pour le dieu de l'ultra-libéralisme. Je me souviens de tes paroles : "Ces vampires m'ont dialisé".

Ils couvraient la porte de la nuit, de ta nuit, celle qui ne s'ouvre pas pour les yeux amoureux. Toi, tu m'as laissé entrer dans ce monde. Tu m'as donné la sève, tu m'as offert le fruit et j'ai croqué.

Mais je n'ai pas perdu la feuille,

Je n'ai senti nulle pudeur. De nouveau

Tu as

fui.

C'était une des raisons de l'existence que je menais, de te retrouver. De te trouver là, dehors, par terre, à crever comme une chienne.

Je t'ai haï pour ça, tu sais ? Et je ne te ferais pas l'affront de te dire que ça n'a plus d'importance : à l'instar de mon âme, ma rancune est éternelle - je l'ai nourri des atomes de ma division, de l'énergie atomique du coeur.

Nous étions de heureux électrons dans notre couche externe, aussi répulsifs qu'un anti-moustique, installés de part et d'autre de notre non-existence.

Je n'avais plus de caractère, mon spectre imprimé sur ton coeur.

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