Le monstre

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Il la regardait depuis un moment déjà, encore incertain de vouloir la prendre. Il essayait d'en détourner le regard, mais quelque chose au fond de lui l'y ramenait. Son désir de la croquer n'allait qu'en grandissant. Il se demandait si elle était aussi bonne qu'elle le paraissait. Il tenta de s'occuper, de s'en détourner... en vain. Au bout de la dixième minute, il n'y tint plus et se jeta dessus, la cueilli sauvagement. Sentir la chair se fendre sous ses dents fut un moment si exquis! Mais jamais autant que de sentir son doux nectar se déverser sur sa langue. Ou la chair qui se déchiquette un peu plus à chaque coup de mâchoires. Ce moment où il sent - ou plutôt il goûte - au sentiment de peur, à la vie qui s'échappe de la plaie pour entrer en lui, pour faire partie de lui à tout jamais. Il mord une deuxième fois et arrache un autre gros morceau, tout aussi savoureux, n'ayant aucune pitié, n'écoutant que sa faim. Il continue ainsi jusqu'à n'en laisser que le cœur, vulnérable et exposé, qu'il jettera plus loin, près de l'eau du parc où l'acte a été commis. Le pauvre cœur de la victime restera là où il s'est arrêté de bouger, puisque personne ne l'a vu tomber là... Et personne ne cherchera jamais à trouver le coupable. Il a fait la bonne chose se dit-il, et son geste est normal et moral puisqu'il devait se nourrir, il avait un besoin à satisfaire. Mais il se trouve que sa victime, qu'il a entamée vivante, souffre encore même s'il ne lui reste que le cœur hors de son agresseur. Ses cellules, bien qu'à l'agonie, palpitent encore de l'assaut récent. Le cœur, qui séchera, puis se désintégrera, sera ensuite absorbé par la terre, et ne pourra pas mourir... Rien ne se perd. Rien ne se crée. Tout se transforme.


Essayez d'imaginer un moment ce que vous auriez pensé si vous deviez être mangé vivant, tout en étant totalement impuissant et muet face à votre agresseur. Que vous resterait-il comme moyen pour évacuer votre sentiment de terreur? Vos fluides et vos odeurs. Heureusement pour vous, ce scénario n'a pas - ou peu - de risques de vous arriver, parce que vous n'êtes pas une pomme.


Les êtres humains sont tous des monstres, à différents degrés.

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