Vendredi
Quelle distance entre toi et moi ?
Des traces de toi dans chaque recoin,
Des plantes comme liens.
Je m'en occupe avec peu de soin.
Des photos sur les murs
Et ta présence muette.
Moi Seul Ici
Toi Seule Là-bas
Quelle distance le monde a mis entre toi et moi ?
Je repense à la Trace et l'Aura de Walter Benjamin
L'apparition de la proximité, l'apparition du lointain,
Je repense à Walter Benjamin qui s'est donné la mort à Portbou le 26 septembre 1940
Quelle distance le monde a mis entre lui et nous ?
J'ai commencé plusieurs carnets sans jamais les finir
Des notes éparses que je n'ai pas le courage de relire
Je t'avais dis que j'écrirais de la poésie après l'écoute de 'Benji' de Sun Kil Moon
J'avais acheté de simples carnets Moleskine, les moins chers, vendus par trois
Des carnets sans lignes, des carnets sans charme
Celui sur lequel j'écris ce poème commence par des citations que j'avais notées
De Kurt Vonnegut et de Romain Gary
'Je sais que la vie vaut la peine d'être vécue...'
'...Peut-être en sont-ils encore là.'
A l'époque, j'avais écrit un texte bref où je mettais en relation 'Abattoir 5' et 'Benji
Tu ne l'as jamais lu, ce n'est pas si important
J'écoute toujours 'Carissa' mais je préfère encore 'Micheline'
Il y a d'autres choses plus lourdes, brumeuses, viciées, qui nous séparent
Est-ce que tu m'aimerais plus si je ne laissais pas mourir tes 22 plantes ?
Est-ce que tu m'aimerais plus si j'écrivais de la poésie,
Et si je posais un poème sur la table le dimanche soir
Un poème que tu lirais le lundi matin à 5h30 avant que tu ne partes
La distance entre nous peut-elle se réduire ? Se rapprocher suffira-t-il ?
Sur la troisième page de ce carnet, une phrase de Kafka :
'Rien qu'attente, éternelle impuissance'
Je t'attends du lundi au vendredi
Tu n'es pas rentré le week-end dernier
Tu rentres ce soir
Et comme chaque vendredi, je me demande
Ai-je vraiment envie de te retrouver ?
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