Chapitre 4

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Yvan s'écroula sur son lit, épuisé, ne prenant que le temps d'enlever ses chaussures à l’aide de ses pieds. Il se frotta longuement les yeux en retenant son souffle. Des cercles violets et des explosions multicolores dansèrent derrière ses paupières closes. Les bruits de la circulation, montant de la route de la Corniche en contrebas, finirent par le bercer. Comme à chaque fois, il sombra dans un sommeil agité.

Il se retrouva, enfant, dans la Maison. Ses parents travaillaient souvent à l'étranger, pendant de longues périodes et Yvan les accompagnait toujours. C'était une belle demeure coloniale, en Colombie. Ils y avaient séjourné pendant presque deux ans alors qu'il avait douze-treize ans. Un souvenir le hantait presque toutes les nuits. Cela commençait d'abord par le parfum entêtant des manguiers qui bordaient la propriété. Venait ensuite la chaleur moite du milieu de journée. Il était seul dans sa chambre à lire des romans. Sa mère était en ville et son père au travail. L'Yvan adulte flottait au-dessus de l'enfant qu'il avait été. Il entendit le bruit, très distinctement. Il put sentir le frisson qui naissait du côté droit de son cerveau pour se répandre vers sa nuque, lui faisant dresser les cheveux. Des larmes embuèrent ses yeux. Il se leva, le livre à la main pour regarder dans le long couloir qui desservait les chambres depuis le hall d'entrée. Tout son corps trembla comme atteint par une fièvre galopante. Ses jambes voulaient se dérober sous la tension. L'adolescent s'appuya contre le chambranle de la porte. Que lui arrivait-il ? Quelque chose le regardait, au milieu du couloir sombre, sans qu'il puisse voir une forme. Son cœur manqua un battement. Il hoqueta de surprise. Il froissa des pages de son livre. Cela avançait doucement. Yvan ne pouvait s'échapper. Les fenêtres étaient munies d'épais barreaux. Sa respiration s'accéléra.

  • Qui êtes-vous ? cria-t-il, cédant à la panique.

Il s'enferma rapidement dans la chambre, poussant le bureau contre la porte. Il déglutit, attendant de longues secondes. La vague étrange irradiait plus fortement, certainement collée contre le seuil. Pouvait-elle passer par en-dessous ? Le garçon se précipita vers la porte qui communiquait avec la chambre voisine. Il enfila ainsi quatre pièces avant de ressortir dans le couloir, se cognant contre le mur opposé. La chair de poule hérissa la moindre parcelle de son corps quand il entendit comme un murmure contre son oreille :

  • Tu es à moi…

Yvan se réveilla en grommelant, comme à son habitude. Maudit souvenir… Il faisait noir, et froid. Il fronça les sourcils... Le visage d’une femme le dévisageait. Elle se jeta sur lui, plongeant son regard mauve dans le sien à travers l'espace et le temps :

  • Tu es à moi, même au-delà de la Mort !

Il se dressa sur son lit en hurlant. Une sueur malsaine collait ses habits à sa peau. Affolé, les poings serrés, il fouilla la chambre du regard. La maison était silencieuse. Fébrile, il attrapa une mignonnette d'une main tremblante, cherchant l’oubli et le réconfort dans l’alcool.

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