Chapitre 13

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La nuit des braves. La dernière nuit avant de monter au front. La nuit des nuits, celle qui laisse des traces dans l’âme et le corps.

Après un léger repas, les protagonistes avaient discuté encore longuement, essayant de faire connaissance, chacun allant de son anecdote qui se voulait comique. Malgré les rires de circonstances, l’angoisse de l’inconnu, insidieuse, fourbe, les rongeait de l’intérieur.

Yvan regardait ses compagnons dormir, répartis dans la salle principale. Aucun d’eux n’avait voulu prendre une chambre, et les matelas avaient donc été déplacés.

Elodie gardait sa douceur et sa beauté italienne. Ses cheveux brun clair coupés au carré entouraient finement ses traits fins. Il avait eu souvent envie de goûter les belles lèvres charnues et bien dessinées de l’adolescente ingénue qu’elle avait été. Un béguin de jeunesse, vite oublié lorsqu’il avait rencontré Lina. Elodie, plus calme, avait tempéré son caractère. On devinait pourtant, pour ceux qui la connaissaient bien, cette petite étincelle d’espièglerie prête à s’enflammer à la moindre occasion. Sa présence discrète dans les moments difficiles avait été d’un grand réconfort.

Non loin d’elle dormait l’étonnant Jean-Paul. Un ancien comme on pouvait en rencontrer dans les romans de fantasy : toujours alerte, charmeur et rassurant. Yvan se liait très rarement aux autres. Surtout pas aussi rapidement. Mais la bonne humeur du retraité et sa passion pour la vie ne pouvaient que le séduire. Il espérait simplement qu’il tiendrait le coup dans cette étrange aventure…

Tower grogna dans son sommeil. Il reposait sur le dos, confortablement installé sur un lit de camp qu’il avait emmené, adapté à ses presque deux mètres. Immobile, les bras le long du corps, il respirait lentement. La lumière de la seule lampe encore allumée jouait sur sa peau noire. Des boucles blanches dans sa barbe soigneusement taillée trahissaient l’approche de la cinquantaine. Pour mieux supporter la chaleur, il avait enlevé sa chemise. Des cicatrices profondes et nombreuses parcouraient son torse musclé, comme autant de témoignages silencieux d’une vie de militaire dont il taisait le moindre aspect. Il consentait juste à dire qu’il était originaire des Etats-Unis.

Yvan sentit le regard d’Anne posé sur lui. Ses grands yeux marron clair, presque dorés, le dévisageaient avec un calme désarmant. Une main derrière la nuque, elle penchait légèrement sa tête sur le côté, les lueurs jouant sur ses cheveux noirs et courts. Elle jouait à mordiller ses tentatrices lèvres pulpeuses. Il soutint son regard sans esquisser la moindre émotion, comme elle. Ils se connaissaient depuis les temps de la classe préparatoire aux grandes écoles qu’ils avaient côtoyée sur Paris. Elle, brillante, avait tracé sa route sans le moindre obstacle, une véritable tueuse de candidats. Anne ne laisserait jamais tomber Yvan, quel que soit le danger à affronter. Ils étaient liés par le sang du combat contre les abominations qui faillirent venir à bout de la famille de l’historienne. Elle se leva en silence et, sans un mot, déposa un long et tendre baiser sur le bord des lèvres de son hôte, lui caressant la joue avec tendresse puis retourna se coucher.

Lina, dans un coin de la cuisine, n’avait pas manqué une miette de la scène. La grand-mère Fujimi lui donna un coup de son éventail sur le bras.

  • Il n’est plus à toi ! Sois cohérente avec tes paroles. Tu veux qu’il retrouve le bonheur non ?
  • Pas avec cette garce mangeuse d’hommes.

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