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Il s’ébroue, le vent. Il frappe souffre et s’enrage, s’insuffle la force et déchaîne le vif, dans l’enceinte du désert qui l’oppresse et l’oblige. Il s’impulse, il s’enfle se boursoufle. Il s’inspire et gonfle, se perche et glisse. S’inverse s’expire siffle et suffoque. Il tourne brasse presse et crache. Il se lève plonge et froidit sa masse.

Il se tempête, le vent, il souffle et s’ébouriffe, gronde éclate et s’écrase sur les crêtes vives. Il se charge s’électrise soulève les sables, tempête tonne et foudroie l’étuve qui l’encage. Il se déverse, il déferle et crie. Il propage sa colère sur les ergs, libre.

Il danse le vent, s’élance contre le temps. Le chergui file dune en dune dans le désert profond, frôle et réveille de ses hurlements fous l’ocre des sables, et sa traîne ruisselle de rires or et cuivre. Sa bouche insatiable avale et digère les moutons de poussière noire, le ciel blême et gris. Il fend de bleu sa course infernale, laboure une trace d’azur sur son passage.

Il court, le vent. Il suit sa route. Il chemine plaines et plateaux désolés, monts et vallées de calcites, champs de troncs noirs squelettiques, forêts blanches de bâtisses fanées. Il ne connaît pas de limite, le vent, quand il percute le pied d’un colosse de pierre impassible.

Il chute, le vent, se relève, se cabre et charge. Il s’enlace et se tord, rugit et s’exalte, rigole et turbule, roule et s’enivre. Il se bourrasque, tourbillonne et s’excite, et son œil terrible grossit en cyclone autour de la montagne assoupie. Il gravit les pentes enfumées d’oubli, perce les nuages, se vortexe de rires et de rage.

Gronde le tonnerre, frappe le roc d’éclairs fulgurants, le sommet pointe dans le ciel béant. Le soleil court, course le temps, hisse ses raies blondes, perce les voiles d’éther comme la foudre déchire la sorgue de la clarté du jour. Il arrose les terres de sa chaleur douce qu’une trombe d’eau tiède balaie et décrasse de ses gris.

Coule la pluie, fondent les nuages, pousse le vert et galope le temps. Sur le terreau noir et moite surgissent parterres d’ademïomes teints de chair. Leurs boutons gouttent et luisent, embrassent la percée flamboyante née de lumière. Éclosent les pétales, explose la flore. Le parfum clair du printemps cercle la montagne comme une clairière, l’enrobe de vert de bleu d’air et de feu. Il glousse, le vent, s’installe et se niche. À chaque heure, tourne son vif, s’enroule et s’active, creuse le ciel, aspire la poussière et les brumes grises.

Souffle le temps et tanguent les arbres, volent les pollens et battent les eaux. Contre le vent poussent et résistent, avancent en troupeaux, des silhouettes courbes et sveltes de chair et de sang. Contre le sable et contre tout, elles suivent la trace azur dans la voûte grise, mangent la poussière et le sel de leurs larmes.

Il plonge, le vent. Il plonge dans leurs yeux tristes. Et les regards en fragments noirs bleus verts et jaunes tourpillent et vertigent en kaléidoscopes écœurants. Leurs paupières clignent et leurs iris tremblent, vibrent et se répètent en écho de milliers d’yeux de mouche fixes et angoissants.

Elles percent l’espace et traversent les temps, les silhouettes. Fixent leurs regards dans l’œil du vent. Elles observent. Elles l’observent, la dormeuse. Elles plongent dans son âme sombre et noire, rejoignent l'abîme de ses rêves pourpres et blessants. Elles l’observent la dormeuse et soupirent et pansent. De leurs âmes silencieuses résonnent leurs chants, les mythes et les plaintes des morts et des vivants. Elles souffrent doucement. Elles soufflent au silence. Leurs regards muets sèment leurs suppliques aux quatre vents. Tremblent les lèvres, crie le silence, vibrent les tympans. Un hurlement blanc, plainte comme le vent, s’élève du gouffre de leurs bouches suppliantes.

Il tourne, le vent. Il donne le vertige. Tourne le rêve, s'embobine et reprend. La dormeuse chute et le cœur palpite. Il s’ébroue, le vent. Il frappe souffre et s’enrage. Il couve la colère des hommes blêmes de rage. La dormeuse en sanglots s’éveille dans un cri, aux rires des enfantes qui hurlent dans la nuit.

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