Bonjour, bonsoir, je t’avouerais que je ne sais pas vraiment par où commencer. La simple idée que tu sois là, devant ces quelques mots que j’ai écrit, me glace le sang. C’est comme si tout ça me faisait peur. Mais après tout, c’est un peu normal, non ? On ne se connaît pas vraiment, même si nous sommes dans le même lycée. Et me voilà, pointant le bout de mon nez, avant de repartir aussi sec à la fin de cette lettre.

 Je ne voulais pas engager une conversation par le biais d'un réseau social, ou même avec mon téléphone. Je ne voulais pas que cela paraisse banal, car ce que je vais dire ne l’est pas. Enfin, il faut dire que je n’ai pas vraiment l’habitude de faire ce genre de chose. Alors je m’excuse, si je suis maladroite par moment, ou si je m'emmêle les pinceaux, mais tout ce que je vais te dire vient du plus profond de mon cœur. Tout ce que je vais te dire, c’est sincère. Et je ne voudrais pas que tu prennes cela à la légère. Je tiens à ces mots qui sortent de ma plume, ils me sont chers. Je ne veux pas utiliser de grandes formules et expressions, juste rester simple. Il est vrai que j’aurais pu venir te voir directement, mais ma timidité m’a empêché de t’approcher.

 Souvent je te croise. Dans les couloirs, le foyer, la cantine. Moi je te vois. Mais toi ? Est-ce que tu m’as déjà remarqué ? Bien sûr, si ce n’est pas le cas, je ne t’en veux pas ! Il faut dire que je ne suis pas très grande non plus... Parfois j’ai même peur de porter un regard vers toi. Je suis intimidée par le monde alentour, par toi. Tu vois, j’ai jamais vraiment eu de chance pour ce qui est de l’amour, et je ne sais pas vraiment comment faire, comment me comporter. C’est pour ça que j’ai choisi ce moyen, parce qu’il n’y a qu’avec les mots que je me débrouille.

 Depuis le début, tu attires mon attention. Je ne sais pas, il y a quelque chose chez toi qui oblige mes yeux à se poser sur toi lorsque tu passes à côté de moi. Serait-ce tes cheveux bruns légèrement bouclés ? Ou ton sourire qui illumine ton visage ? Peut-être serait-ce les deux ? Il m'est impossible de le savoir. Mais tu as ce truc qui m'oblige à te regarder. Tout ça n'est que physique bien sûr. Mais, après tout, ça a sa part dans l'affaire aussi, n'es-ce pas ? Je tremble à chaque fois que tu passes près de moi, je sens le rouge me monter aux joues, presque à en perdre mes moyens, mais en même temps prête à faire n’importe quoi pour que tu prêtes attention à ma personne. C’est bête n’est-ce pas ? Et je comprendrais que tu puisses rire rien qu’à cela. Mais si seulement tu savais...

 Si seulement tu savais la place que tu as pris dans mon esprit. Je t'ai dans la tête tout le temps. Si tu savais comme ton simple prénom me hante à chaque instant. Ce qui me terrorise le plus finalement, c’est que je t’avoue tout cela, mais qu’en réalité tu ne connais peut-être même pas mon prénom. Moi j’ai ton image en tête, mais pour toi je ne suis qu’une inconnue que tu ne croises que de temps en temps. Et moi, sans même te connaître, je t'accorde déjà bien plus d’importance qu’il le faudrait. C’est un risque que je prends inconsciemment à chaque fois. Mais après tout, c’est la vie. Et si je n'essaie jamais, je le regretterai, et je me dirais toute ma vie que jamais je n’aurais essayé de te parler.

 Mais nous ne nous connaissons pas. Et c'est une étape importante tout de même. C’est ce pourquoi je t’écris cette lettre, en étant la plus sincère possible. Je comprendrais que tu trouves cela absurde, ou même enfantin, mais comme je te l’ai dit, cela a son importance pour moi. J’aimerais vraiment que nous nous rapprochions, que nous apprenions à nous connaître, l’un l’autre. Tu penseras peut-être que je suis intéressée, et je le suis. Mais je ne suis pas comme les autres filles qui n’ont pas peur de venir te parler. Je ne suis pas comme toutes les autres. Et je comprendrais que toi tu ne veuilles pas. Pourtant, pourquoi pas essayer ? Prenons le temps qu’il faut, et si ça ne marche pas, ça n’est pas grave. Mais s'il te plait, accorde moi cette chance, laisse moi te montrer qui je suis réellement, montre moi qui tu es toi. Et le temps fera le reste. Car il n’y a que lui qui peut décider de ce qu’il adviendra.

 Je te laisse donc sur ces derniers mots, car je n’ai plus d’encre, quel dommage ! J’aurais pu écrire tant d’autres belles paroles, mais je ne peux tout te dire dès maintenant. En m'excusant si je t’ai dérangé, ce que j’ai probablement fais...

 Probablement une inconnue à tes yeux, mais si tu cherches bien dans les couloirs du lycée, tu trouveras qui est l'auteure de cette lettre.