Statistiques. Les stats. Des souvenirs reviennent : la boîte à moustaches. Quel drôle de nom, quand même. C'est quand même ça qui rappelle le collège. Dire qu'à l'époque ça ne devait pas vraiment être le sujet le plus passionnant en maths. Et puis, c'était juste une partie du programme. Alors là, comment ils vont faire pour mettre autant de statistiques dans les cours, ils vont aller très lentement ? Sûrement pas, mais tout de même, qu'est-ce qu'il y a de si important dans les stats ?

Au milieu des pensées et bavardages des étudiants, le prof entre dans la salle. C'est un gars costaud, avec des cheveux assez courts, garnis d'une petite calvitie commençante. Il a les yeux fatigués. Aïe. Il risque de s'énerver souvent pour rien, celui-là. On a l'impression qu'il n'avait pas d'autres chemises que celle qu'il porte en ce moment : elle est un peu courte pour ses épaules.

Il prend son temps, s'installe bien tranquillement. Il ne s'en fait pour rien au monde, le pépère. Est-ce qu'il parle aussi lentement qu'il bouge ? Est-ce qu'il se rend compte seulement qu'il est en classe ? Il est peut-être sourd, sa vue est mauvaise. Les deux si ça se trouve.

Il se lève. Il a fini de s'installer ou de se reposer. Il va bientôt commencer le cours. Ou pas. On ne comprend pas très bien ce qu'il fait. En attendant, on peut continuer de se la couler douce et discuter avec nos voisins et voisines.

Le prof bidouille quelque chose dans un tiroir. Il se trouve qu'il a pris un minuscule micro. Un tout petit micro qu'il tient sur la pointe de ses doigts. Ses énormes doigts de ses grosses mains. Elles pourraient étrangler plusieurs personnes en un coup.

C'est un gorille qui tient une jeune et fragile fleur dans ses mains destructrices.