Mes parents m’ont rejetée.

Mes parents m’ont rejetée.

Cette information tourne dans ma tête sans que je réussisse à la comprendre.

Mes parents, d’abord. Ma seule famille, avec mon frère. Ceux qui m’ont donné la Vie, ce qu’il y a de plus précieux sur terre.

M’ont rejetée. Ils m'ont abandonnée. M’aiment-ils seulement au fond de leurs cœurs ou… Me haïssent-ils ?

Ce dernier mot me fait sombrer dans une peine immense, un gouffre duquel je ne peux pas m'enfuir.

Je ne veux plus rien faire.

Je ne peux plus rien faire.

Une émotion me submerge alors.

La Colère.

J’ai envie de crier, de me révolter contre cet abandon, d’exprimer toutes mes pensées et sentiments.

J'ouvre la bouche, dans le but de hurler.

Mais aucun son ne sort.

Je ne peux plus parler.

Alors seulement vient la tristesse, une tristesse infinie qui me transperce de part en part et me fait couler des larmes, perles translucides presque irréelles. Une tristesse qui ne me donne plus envie de vivre.

Une main se pose sur mon épaule.

- Linh…

Je me laisse bercer par la voix de Tam, cette voix qui apaise mes pleurs et pense une partie de la douleur. Je voudrais lui répondre, lui exprimer tout mon amour, mais je ne peux pas.

Conscient de la situation, Tam me dit doucement :

- Et si tu écrivais ?

Écrire ?

Je saisis d’une main hésitante le matériel que me tend mon frère mais, dès que la plume est dans ma main, l’encre coule à flot.

A travers mes yeux emplis de larmes, les lettres dansent, s’assemblent, forment des mots puis des phrases.

Je ne sais pas ce que j’écris. Je ne fais qu’écrire, juste soulager mes peines en couchant sur le papier toutes mes craintes, tous mes tourments, toutes mes peurs et mes malheurs.

Au bout d’une dizaine de minutes, je me sens déjà mieux, plus reposée.

Mon désespoir est toujours là, mais il me semble qu’il est plus petit.

Un jour, il aura disparu.

Mais pas maintenant.

Alors je reprends ma plume