...Your demons
En un fracas, elle chuta au beau milieu de la scène comme si ses cicatrices l'y avaient projeté. Les projecteurs se mirent alors à s'enflammer. Le feu devrait la brûler mais c'est de glace qu'elle reste figée. L'ombre environnante l'attire mais elle voudrait sentir sa peau se craqueler, se pourprer et se peler, c'est ce que l'embrasement fait mais rien, elle ne ressent rien. La douleur l'appelle à travers la fumée, elle est attirée par le feu et les combustibles en elle n'attendent qu'une étincelle. Elle fait comme s'ils n'étaient pas là mais ils ont toujours été présents et maintenant ce sont tous les luminaires du théatres qui brûlent. Ils brûlent avec l'intention de la consumer.
Le son d'un saxophone s'éleva et s'entremêla aux crépitements des poutres qui s'étaient mises à flambée. Puis, des claquements s'approchèrent insidieusement au tempo d'un piano jusqu'à s'avancer dans son champ de vision. Les claquements s'intensifièrent et se trouvèrent tout autour d'elle dans une danse frénétique. La mélodie s'arrêta un instant, une main pourpre, craquelée se tendit vers elle, c'est alors que les démons l'invitèrent à danser.
Elle commença à effectuer une antéversion puis son corps se mit à executer un adagio. Elle se leva crescendo au son des violons, les violoncelles vrombirent, l'adagio se transforma en allegro et les démons se remirent frénétiquement à danser. Elle passait des bras de l'un aux bras d'un autre. Le dernier la fit tournoyer puis dans une élongation majestueuse il l'envoya au loin. Mais dans un élan viscéral elle retourna dans ses bras, la passion de leur danse effaçait petit à petit ce qui dissociait chacun de leur corps. Ils n'étaient plus que des ombres fusionnant.
Son coeur battait si fort, elle virvoletait, virvoletait, elle sentait la chaleur des flammes montées. De la fumée se dégagait de ses mouvements. Elle vivait. Elle vivait la combustion qu'elle avait tant cherché. Elle ressentait une oppression embaumée son coeur suintant de couleurs qui en se mélangeant devenaient de plus en plus sombres, du noir coulait de sa poitrine. La douleur, elle la sentait, elle l'habitait de tout son être. La musique s'arrêta nette, elle s'effondra. Le théatre était éclairé de toute part comme si les flammes avaient cessés de le consumer. Elle était perdue dans ses pensées vivant dans son illusion, vivant dans sa confusion.
Tous les jours elle sortait, elle s'appliquait en espérant que personne ne se rende compte qu'elle faisait semblant alors que son esprit était ailleurs, elle paraissait hermétique à tout mais elle titubait tous les soirs en rentrant.
Le plus difficile dans ce monde c'est d'y vivre mais la douleur ne peut disparaître qu'en vivant.
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