Chapitre 2
Le Myosotis approchait de la trentaine. Mais quelle importance pour un changelin habile pouvant gommer ses imperfections et autres effets de l’âge ? Il avait quelques décennies devant lui avant que son corps ne perde en élasticité et de se retrouver figé à jamais dans sa forme originelle. Il ne quittait que rarement son apparence de scène, ou bien il s’ajustait pour mieux plaire à son amant du moment. Ce mode de vie usait ses capacités plus vite que la moyenne, mais chaque fois il pensait avoir trouvé le bon…
Tout cela n’avait plus la moindre importance désormais. Il n’y aurait plus de Myosotis en tête d’affiche du Moulin Rouge, plus de soirées fastueuses, plus de débats sans fin avec Colette. Il passerait le restant de ses jours dans l’une des prisons entre les mondes, coupé de toute magie…. Tout cela parce qu’il avait fait confiance à Lord Jefferson !
Comment avait-il pu se montrer aussi naïf ? A son âge, croire encore au prince charmant volant à son secours… C’était d’un pathétique. Pourquoi n’avait-il pas pu envisager un seul instant que son amant refuserait de se mouiller pour lui ?
Était-ce là le lot des Invertis et des autres marginaux ? Ne jamais pouvoir goûter au véritable amour ? Il n’y avait pas de place pour eux dans ce monde, pas plus que dans l’autre. Cette réalisation soudaine l’attrista, ses sanglots redoublèrent . Il aurait beau prendre toutes les formes imaginables, personne ne l’aimerait jamais pour de bon.
Tout cela n’avait plus d’importance. Ni son âge, ni son apparence, ni ses sentiments blessés. Sa vie de Myosotis s’arrêtait là. Il fixait d’un regard vide les parois sombres de la cabine. Il pouvait lui arriver n’importe quoi, tout lui était égal. Mais s’il devait choisir, il aurait bien aimé que le fourgon ait un accident qui le tuerait sur le coup. Pour ne pas devoir vivre seul avec ses rancœurs jusqu’à la fin de ses jours.
Le Myosotis s’efforça de se reprendre. Il devait focaliser son attention sur autre chose. Les roues rebondissaient sur les irrégularités des pavés et secouaient la cabine dans tous les sens. Le changelin devait s’agripper à son siège pour ne pas chuter. Il tenta de discerner par dessus les cahots métalliques, les bruits ordinaires des rues parisiennes… Il n’y parvint que lorsque le fourgon était bloqué par la circulation.
Les premiers sons qui lui parvinrent furent les avertisseurs sonores et autres interjections plus ou moins imagées des automobilistes et cochers. Puis ce fut le tour des crachotements de moteurs, le claquement régulier des fers à cheval sur le pavé. Des slogans clamés en chœur lui rappelèrent la place de la République. Tout cela lui paraissait très familier et très lointain à la fois.
Un volatile se posa sur le toit du fourgon et en gratta le métal pendant quelques instants. Peut être un pigeon, ou un dragonnet, à en juger par les chuintements qu’il percevait. Mais le fourgon se remit bientôt en route, chassant le passager clandestin. Il ne s’arrêta plus pendant de longues minutes. Le Myosotis en déduisit qu’ils s’éloignaient du centre de la capitale, sans en deviner précisément la direction. Anxieux, il guettait le long frisson qui le traverserait quand le fourgon passerait dans l’Outremonde.
De nouveau, le véhicule s’arrêta. Le bruit sec d’une portière qui claquait le fit sursauter. Il reconnut la voix rugueuse d’un policier qui vociférait. Apparemment une voiture en panne bloquait la route. Un répit inespéré, dont le prisonnier profita pour écouter la douce mélodie du vent dans les peupliers. Sans doute pour la dernière fois. Il laissa dériver son esprit et s’imagina rejoindre les pinsons et les moineaux, loin des villes et des hommes.
Un sifflement doublé d’un léger crépitement attira son attention. Des flammèches traversèrent le plancher du fourgon. Il ramena instinctivement les jambes contre sa poitrine. La fumée qui s’en émanait lui piquait les yeux et les narines. Tout devenait flou autour de lui. Les portes arrière s’ouvrirent et quelqu’un se hissa à bord. Avant qu’il n’ait pu réagir, l’inconnu lui mit un sac sur la tête.
L’instant d’après on le poussait dehors. Il tomba lourdement sur les pavés. On le remit sans ménagement sur pieds, une voix étouffée lui ordonna d’avancer. Perdu, désorienté, le prisonnier ne put qu’obéir. Qui étaient ces gens qui venaient de le kidnapper ? On le fit monter dans un véhicule. Autre fourgon, autre menace. Il avait entendu parler de groupes d’activistes anti invertis. Des brutes qui abandonneraient son corps dans un ravin… ou pire. Le moteur démarra avec un bruit sinistre et le véhicule se mit en branle.
Quand le fourgon s’arrêta enfin, il entendait le bruit d’un cours d’eau, quelques caquètements, des grognements de cochon. Allaient-ils le mettre en pièce et le donner à manger à ces derniers ? La porte du véhicule s’ouvrit avec un fracas qui le fit sursauter. On lui ôta brusquement le sac. La soudaine luminosité l’éblouit quelques instants. Il clignait encore des yeux lorsqu’on l’empoigna pour le jeter dehors.
Le Myosotis peina à retrouver son équilibre. Il dut lever la tête pour voir le visage de l’homme, ou plutôt de la montagne qui l’avait tiré brutalement hors du fourgon. Le colosse portait une salopette en jean usée, sur une chemise grisâtre dont il avait retroussé les manches, dévoilant des muscles saillants et des tatouages de forçat. Il arborait un crâne totalement chauve et une moustache aussi touffue que ses sourcils froncés.
Le colosse lui attrapa les poignets et fit sauter la serrure de ses menottes à main nues. Le changelin sentit qu’il était sans doute bon pour une nouvelle bastonnade. Il n’avait pas l’âme d’un combattant mais sa patience et son instinct de survie venaient de plier bagage. Il se redressa et toisa le colosse d’un air farouche, dans un défi aussi dérisoire que brûlant.
— C’est qu’il mordrait le zigue ! Rentre les crocs le perdreau, on n’est pas là pour une valse ! fit une voix féminine dans son dos.
Décontenancé, le changelin se retourna et s’intéressa à son nouvel environnement. A sa grande surprise, il ne vit ni gardien en uniforme, ni prison mais une ferme en décrépitude. En face de lui un adolescent dégingandé en bleu de travail et casquette gavroche le regardait d’un air critique, aux côtés d’une femme d’une quarantaine d’années dans un costume de cancan passé de mode.
— Mais qu’est ce que… bafouilla-t-il.
— Alors c’est toi, le Myosotis ! Je t’imaginais plus… distingué, railla une voix qui semblait venir du colosse, mais avec le timbre d’une poissonnière des halles.
Le Myosotis se tourna de nouveau vers ce dernier et découvrit une chatte-ailée borgne juché sur son épaule. Elle avait une oreille déchirée et son pelage gris tigré était pelé par endroits. Le changelin n’avait jamais vu de chatte-ailée dans un tel état. Sa confusion augmenta d’un cran.
— Attendez… Qui êtes-vous ? Dit-il en levant les mains.
— N’est-ce pas l’évidence ? Nous sommes de bons samaritains venus au secours d’une âme en détresse, railla encore la chatte-ailée.
— Pardon ?
La lourde main du colosse s’abattit sur son épaule et le fit pivoter sur lui-même. Désormais face à la ferme, le Myosotis retint son souffle. La chatte-ailée prit son envol et alla se poser sur l’épaule de l’adolescent à la casquette gavroche. La femme en costume de cancan s’avança, avec cette prestance, cette élégance des grandes dames.
— Laisse-le donc tranquille, Tortosa ! Il a eu une journée difficile, il faut le ménager, dit elle d’une voix forte et claire qui supposait des talents de chanteuse.
— C’est pas le moment de michtonner ! On est là pour le travail !
D’un geste gracieux, elle chassa la chatte-ailée, l’obligeant à battre en retraite. Elle posa la main sur l’épaule, désormais libre de l’adolescent.
— Lui c’est Maurice. Acrobate et funambule, petit prince de l’évation et de l’effraction ! Le colosse, c’est Joseph, les muscles d’un ogre et l’âme d’un poète. La mégère volante, là, c’est Tortosa, notre patronne. Il n’y parait pas, mais elle a un cœur d’ange.
Finalement, elle fit un nouveau pas vers lui et s’inclina dans une révérence parfaite.
— Moi c’est Lucette, la Comtesse des Gambettes. Tu as peut-être entendu parler de moi, au Moulin Rouge…
Par réflexe, le Myosotis secoua la tête d’un air désolé. Il peinait à assimiler les faits. Le Moulin Rouge lui paraissait déjà si loin. Trop d'événements contradictoires s’étaient succédés en quelques heures... Alors qu’il avait perdu tout espoir de salut, voilà que ces individus louches volaient à son secours ? Venait-il vraiment d’échapper à la justice impitoyable d’Ambremer ? Par conséquent il était désormais… en cavale. Cette pensée lui donna le vertige. Il chancela sur ses jambes affaiblies.
— Tu n’as pas l’air dans ton assiette… Que dirais-tu d’un bon vin chaud pour te remettre ? demanda Lucette.
Elle lui fit signe de le suivre en direction de la ferme en ruine. En y regardant de plus près, le Myosotis vit qu’une mince fumée s’échappait d’une cheminée tordue. Il hésita un instant. Personne ne le retenait, toute la bande se dirigeait vers la bâtisse. Rien ne l’empêchait de fuir… Mais pour aller où ? Résigné, il leur emboîta le pas.
— Euh… Volontiers.
Ils entrèrent bientôt dans la pièce centrale de la ferme, et la moins délabrée. L’endroit était aménagé de façon simple mais confortable. Une longue table, des chaises dépareillées, un fauteuil usé sur lequel Tortosa se percha. Les autres s’installèrent de part et d’autre.
— Assied toi l’artiste ! Tu paieras pas plus cher !
La voix éraillée de la chatte-ailée le fit sursauter. Il obéit par réflexe. Il flottait dans l’air une odeur de feu de bois, de vin chaud. Lucette lui en servit un verre qu’il accepta avec gratitude. La chaleur du verre lui apporta un réconfort inattendu. Peu à peu, sa vue s’accoutuma à la lumière tamisée et le changelin remarqua des armes à feu, un établi et quelques pieds de biche bien rangés. Il voulut poser une question mais son ventre émit une plainte sonore qui déclencha un éclat de rire collectif.
— Lucette ! File z’y donc à bouffer avant qu’il nous calanche dans les pattes ! Ah il faut que je fasse tout moi-même ici !
Tortosa s’envola pour attraper une miche de pain entre ses pattes, qu’elle laissa tomber sur les genoux du Myosotis. Le sourire aux lèvres, Lucette déposa devant lui une tranche de lard et un fromage bien fait.
— Je te l’avais dit, un cœur d’ange.
— C’est ça, marre toi avant que j’te griffe ta jolie frimousse !
Le Myosotis vida son verre avec précaution. Le liquide chaud fit revenir la vie dans son corps meurtri. Il en savoura chaque goutte, les yeux mi-clos. Après quoi, il s’intéressa de nouveau à ses « bons samaritains ».
— Merci, lâcha-t-il dans un soupir.
— Sais-tu qui nous sommes ? demanda Tortosa en se posant devant lui sur la table.
Le changelin jeta un regard furtif aux caisses de dynamite au fond de la pièce. Son esprit encore embrouillé fit le lien avec un article de journal... à propos d'un braquage de banque... Les mots lui échappèrent.
— Les Artilleuses ?
— Tu te crois drôle, l’artiste ? cracha la chatte-ailée.
— Pardon…
— Nous c’est les Monte-en-l’air des Batignolles ! lança le colosse derrière lui, le faisant sursauter.
Par réflexe, le Myosotis hocha la tête, comme s’il en avait entendu parler. Probablement l’une de ces bandes d’Apaches qui sévissait dans le XVIIe arrondissement. Comment avaient-ils pu dévier son fourgon pour Ambremer ? Qu'attendaient-ils de lui ? Au final, cela importait peu, ils lui avaient sauvé la vie.
— Eh bien, je vous en dois une, très chers… Monte-en-l’air. Que puis-je faire pour vous ?
— Tu piges vite l’artiste ! On aimerait que tu participes à notre prochain casse.
Le Myosotis pinça les lèvres. Un casse ? Voilà bien la dernière chose qu’il avait envie de faire, maintenant qu’il était en cavale...
— Euh, on vous a mal renseigné, je suis un chanteur de cabaret, pas un… Monte-en-l’air, se défendit-il.
— Mais tu es un changelin, répliqua la chatte-ailée.
— Mais… Pourquoi moi ?
— Pourquoi pas ? Tu es parfait : arrêté pour métamorphose illégale, tromperie et affront aux mœurs… Bref, tu es déjà coupable de ce que nous attendons de toi.
Le Myosotis se leva brusquement, les mains sur la tables et les yeux humides. Il en avait assez d’être jugé.
— Je n’ai trompé personne ! Irvin, il disait… Et puis mince ! Je suis un changelin en quoi est ce mal de…
Une grosse main se posa sur son épaule, la délicatesse du geste le surprit. Tournant la tête, il vit le visage massif de Joseph. Était-ce de la compassion dans son regard ?
— Dédédé désolé… ssssss c’est pas… tttt tu tu… raison… dit le colosse d’une voix hésitante, rougissant d’embarras.
Lucette vint à la rescousse du géant qui luttait vainement contre les mots. Elle le serra dans ses bras avant de reprendre la parole.
— Ce que veux dire Joseph, c’est qu’on ne te juge pas, Myosotis. Je dirais même que je te crois. Mais nous avons besoin d’un changelin pour notre casse. Nous préférons éviter de mettre l’un des tiens dans les ennuis.
Le Myosotis se rassit lentement.
— Désolé de m’être emporté. Je comprends vos arguments mais… Je ne suis pas un voleur, ni un criminel… Je refuse de blesser qui que ce soit.
— Nous sommes des monte-en-l’air. Nous volons, oui, mais jamais aux pauvres, jamais à des gens bien. Nous ne leur faisons aucun mal. Au pire un ou deux coquards et quelques bosses… Nous sommes comme toi, Myosotis. Abîmés par la vie, trahis, exploités.
D’un geste, elle désigna tour à tour ses compagnons.
— Maurice, abandonné par sa famille, maltraité dans des centres d’aides sociales. Joseph, exploité dans un cirque, moqué pour son bégaiement. Et moi, contrainte de céder aux avances pour un rôle ou deux. On nous a promis l’amour et volé nos rêves à nous aussi. Ce casse, c’est le dernier avant la belle vie !
Le Myosotis les regarda l’un après l’autre, un peu gêné. Lucette avait gardé un bras autour de la taille de Joseph, et l’adolescent s’était approché pour se joindre à l’étreinte. Ces gens étaient une famille, étrange certes, mais une famille. Il essuya une larme. Sans prévenir, le colosse l’attrapa par un bras et l’intégra au câlin de groupe. Confus, il crut entendre un ronronnement discret au-dessus de sa tête, mais il n’aurait pu le jurer.
— Bien, c’est d’accord, je vais vous aider. Après tout je n’ai pas vraiment le choix. Et je vois dois bien ça… Je vous écoute.
Maurice alla lui chercher une assiette de ragoût au fumet tentateur, tandis que Tortosa entamait son explication.
— Tu vas récupérer un objet appartenant à un mage…
Le changelin adressa un regard plein de gratitude à l’adolescent et s’efforça de ne pas se goinfrer. Le nez dans son assiette, il écouta la suite des instructions d’une oreille très distraite.
— … Pour cela tu prendras l’apparence de son amant, poursuivit Tortosa.
Le Myosotis avala de travers. Quand il fut remis de sa quinte de toux, il leva des yeux incrédules vers la chatte-ailée. Elle ne pouvait parler sérieusement… La douleur de la trahison d’Irvin revint lui serrer les entrailles.
— Attendez vous voulez que je séduise un Inverti ? C’est.. C’est pour ça que je me suis fait arrêter ! répliqua-t-il en tâchant de maîtriser les tremblements de sa voix.
— Oui, mais cette fois, Joseph sera là pour te couvrir en cas de pépin !
Le changelin eut une moue peu convaincue, mais le regard enfantin du colosse le rassura tout au moins sur son honnêteté.
— Très bien… soupira-t-il, dites m’en plus sur ce… casse.
— Sais-tu ce qu’est une Ségoula ?
Le changelin fit la moue en signe d’ignorance. La chatte-ailée se redressa sur ses pattes avant et expliqua d’un ton docte :
— Il s’agit d’une sorte de petite carte sur laquelle sont inscrites des prières en hébreu. Les Juifs les utilisent pour attirer sur eux la bienveillance de leur dieu. C’est également un objet de la Kabbale dont les secrets de l’utilisation ont été perdus.
Le Myosotis était un peu perdu, tout cela dépassait de loin ses compétences. Il savait que la kabbale relevait de l’occultisme juif, mais guère plus.
— En clair, vous voulez voler une carte. Pourquoi ne pas simplement cambrioler ce mage ?
Tortosa se posa sur ses genoux, l’air revêche.
— Tu crois qu’on a pas pensé à ça ? J’ai des ailes alors j’ai une cervelle d’oiseau, c’est cela ?
La chatte-ailée posa ses pattes avants sur son torse. Son museau se trouvait désormais à quelques centimètres du visage du changelin.
— Tu ne me crois pas assez maline c’est ça ? Parce que j’ai qu’un œil, j’peux pas voir plus loin que le bout d’mon nez ? dit-elle en martelant sa poitrine d’une patte à chaque invective.
— Non ! Bien sur que non, je… mais une carte vaut si cher que ça ?
— Celle là oui ! Et figure-toi que son propriétaire est sur le point d’entrer dans le Cercle Incarnat. On ne peut pas s’attaquer directement à un mage. Le seul moyen pour obtenir cette fichue Ségoula, c’est qu’il te la donne !
— Mais je ne connais pas cet homme, comment je pourrais…
Une patte se posa sur ses lèvres. Tortosa fit ensuite un signe de tête à Maurice, qui se leva d’un bond. Il revint prestement avec un épais dossier sous le bras qu’il posa à côté du changelin.
— Tu causes trop, tu me fatigues, l’artiste ! C’est moi le cerveau ici, tu fais ce que je dis et tout ira bien ! Lis ce dossier et on en recause. J’espère que tu sais lire…
Le Myosotis faillit s’offusquer de sa dernière remarque, mais il se rappela qu’il s’adressait à une bande de malfrats probablement illettrés. Ses yeux allaient de son assiette à la paperasse, devait-il tout lire immédiatement ?
— Finis d’abord de manger, va ! dit Lucette en lui frottant gentiment le dos.
Il regarda Tortosa voleter au loin. Lucette le gratifia d’un sourire amical avant de la rejoindre.
— Allons ne sois pas si dure avec lui…
Elles s’éloignaient, le changelin ne put entendre la suite, mais il lui semblait que la dame apaisait le cerveau du gang en lui caressant la tête. A son insu, elle posa même la question qui le taraudait.
— Au fait, comment as-tu su pour son arrestation ? Si vite ?
— Notre commanditaire savait. Il savait avant les condés, et avant notre artiste.
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