Faible, raidie et courbaturée. Le souffle court, je tentais de reprendre mes esprits à demie-comateuse. J’étais désorientée, tant dans l’espace que dans le temps.

– Nicholas ?

J’attérissais. Ce n’était qu’un rêve. Une fichue illusion, de celles qui étaient si réelles qu’elles se confondaient avec la réalité. Si bonnes. En parfait contraste avec l’hostilité qu’il avait instauré entre nous deux. Je maudissais l’appropriation qu’il s’était faite. De mes émotions, de ma vie en l’impactant avec la sienne, de mon corps. J’étais privée de toute liberté de penser et d’agir. Tout me ramenait à lui. Jusqu’à dans mon lit. N’aurait-il pas été plus pertinent d’être aussi marquée par le moment où j’ai croisé la route de ces sales types tueurs de flic, hier ? Pour autant, je ne voyais que par lui.

Treize heures, quatre minutes. L’arrivée d’un mél se fit retentir. Postée à mon bureau, redevenue studieuse, je revoyais mes dernières fiches de cours, Sofia en visio.

– Tu as trouvé ton stage ? s’inquiéta-t-elle, la gomme de son crayon de papier au coin des lèvres.

– Non, avouais-je, à présent recentrée sur mes études. L’adresse postale doit faire tâche sur la lettre de motivation. J’aurais du t’écouter et…

Balayant ma messagerie du regard en m’apprêtant à y faire une suppression totale des derniers messages reçus, un nom dans la liste retint mon attention. Dark&Cie. Un stage ?

– Pourquoi tu fais cette tête ?

– Sofia… j’ai parlé un peu trop vite, répondis-je en retirant mes écouteurs, comme si le fait de m’en séparer m’aiderait à y voir plus clair. Je lui en fis copie, estomaquée, lisant et relisant l’intégralité du mail. Le dépôt de ma candidature au sein de l’entreprise, une semaine plus tôt, résultait plus d’un acte de désespoir que de l’espoir lui-même.

Mon binôme de révisions rechigna moins sur la nouvelle. Son enthousiasme me força à me projeter, ignorant tout de mes dernières quarante-huit heures avec le fils du propriétaire de la compagnie. Mais son discours tenait la route. Être stagiaire chez Dark&Cie serait un véritable tremplin et je me devais de prendre les bonnes décisions.

La discipline que je m’étais infligée et la rigueur à laquelle je m’étais soumise au cours de ces dernières années devaient prendre le pas sur toute hésitation. J’étais ambitieuse et désireuse de réussir et il était impensable qu’un tiers vienne y semer son trouble. Pas comme ça. Ni même jamais.