« i » ou « il », le choix du style
En exil sur les bords du Nil, le persil devient vite stérile.
– La tuile ! maugréa Basile du Blanc-Mesnil en refermant d’un geste agile la grille donnant sur son micro-potager totalement infertile, un soir d’avril d’une année bissextile.
Lui, qui désirait épater amis et convives avec une vue sur les pyramides et un velouté à base de cet aromate au goût si subtil, battait des cils plus vite que des lance-missiles en retenant une multitude de propos incivils. Sa réputation était en péril. Hors de question pour cet ancien haltérophile passionné de chlorophylle de perdre la face devant de vils fossiles ! D’autant plus que sur son profil, il se vantait de récolter partout et avec style - sans outil ni fusil - des barils entiers du fragile condiment que certains relèguent au second rang et qualifient de pacotille.
Inutile de parier un sac de billes : Phil de Brazzaville, Eschyle de Nashville et Cyril de Hô-Chi-Min-Ville, qui raffolaient de bisbilles, ne manqueraient pas de le réduire en brindille. Telle une procession de chenilles croisant la route d’un gorille, son échec tombait dans le mille.
Plutôt qu’on le houspille, Basile, aussi rusé qu’un goupil volubile, exposa en messages privés à de gentils francophiles cinéphiles, qui cultivaient amoureusement des ombellifères hydrophiles, son imminent passage sur l’impitoyable gril de puérils imbéciles séniles.
Dès le lendemain, une flottille de bateaux de toutes sortes dont les écoutilles débordaient de persil convergea jusqu’à son domicile en évitant maints crocodiles.
Sur le fil et sans lever un sourcil, le viril Basile, en talons aiguilles, repiqua les plants verts généreusement offerts plus vite qu’une torpille, puis prépara avec le reste une soupe pour toute une escadrille.
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