En rentrant de l'école, la petite Louise se précipite dans les bras de son papa. Elle a hâte de lui raconter sa journée.

• Aujourd'hui, la maîtresse nous a montré un ver à soie, lui dit-elle d'un air solennel pour souligner le caractère exceptionnel de l'évènement.
• Un verre à soi ! Manquait plus qu' ça ! lui répond-il en haussant les sourcils. Vraiment, l'Éducation Nationale, c'est du grand n'importe quoi. Ah ! on est bien loin des leçons de choses de tes grands-parents. D'abord, on dit : " La maîtresse nous a montré un verre à elle ", mademoiselle ! Et la prochaine fois, ce sera quoi ? Avec sa tronche de cake, son moule à gaufres, peut-être ? Et après, son coussin péteur ? Son métro n'homme ? Allez ! suis-moi, je vais te faire découvrir en avant-première TOUTES nos incroyables affaires. Et si maman le veut bien, tu apporteras demain son fabuleux thé à coudre ainsi que son incroyable huile de coude.

Devant le ton courroucé de son père, Louise n'ose rien répliquer. Mine abattue, bouche cousue, elle le suit pour un inventaire au grand complet des objets de la maison. Pour une fois, elle est heureuse de ne pas être princesse. Le passage en revue de tous les oreillers du château l'aurait assommée, à n'en point douter !