Petit ange
C’était sous sa cape solaire
Une roue dentelée de rais
De fleurs, rosaces des onires
Diaphanes, vitraux éthérés.
Comète ! on le voyait courir
Presque par-dessus les couleurs
Devers les bras ouverts du Monde.
Va, petite ange, va
Petit ange, va.
Avait-il dérobé les runes
De Nyx, les ailes de Mercure ?
Un trait fusant de rires-dunes
Il galopait de songes purs
Chevauchant un croissant de lune
Trop oublié par l’or des sorgues
Qu’il avait baptisé ami.
Va, petite ange, va
Petit ange, va.
Se traçait après leurs élans
Comme un estran de nébuleuses
Æstus éclaboussait l’enfant
D’ambre et d’embruns d’orées, coureuses
Aux poèmes sertis dedans.
Arches, vagues, toiles tissaient
Un chant marin aux anémones…
Va, petite ange, va
Petit ange, va.
Il nouait murmure aux estelles
Autant qu’il ravissait les yeux
Captifs de son astre mantel.
Entre deux papillons radieux,
Entre les écailles, les ailes
Charrïait toutes les paupières
Enceintes de songes rêveurs.
Va, petite ange, va
Petit ange, va.
Soufflant ses sables de l’automne
Il accordait la voix des Muses
Et tous les orions en couronne
Roux et flaves dont l’âme use
Socorde, atramente, canyons !
Lors chaque poussière inspirée
Faisait du frimas des étoiles.
Va, petite ange, va
Petit ange, va.
Aeon, bien sûr, avait fini
Par frayer son plastron-pétales,
Sa targe astrée. Seul le demi
Restait, mais un vent sidéral
Hélice aux spires bras-de-nuits
Gravé demeurait éternel
Une icône contre son cœur.
Va, petite ange, va
Petit ange, va.
Si les lueurs avaient des mots
C’était les siens ; des océans
Les siens ; par-delà le Rideau,
Tressant ses élégies au temps
C’était de cet infime héros
Flamboyant conquérant des cœurs
Que se réclamaient les filantes.
Va, petite ange, va
Petit ange, va.
On dit qu’il est parti très loin
Si loin que l’Univers poursuit
Encor ses sillons en rayons.
Et si le Jour endort les astres
C’est qu’en rêves on goûte mieux
Aux grelots de ses envolées.
S’il vous prend de sonder le ciel, penserez-vous, peut-être, à lui ?
Petit ange, petit ange.
Annotations
Versions