III
- Je ne sais qui tu es, mais tu m'as bien compris.
Il y a déjà longtemps que je sens dans les plis
Des choses, tout près, l'existence d'autres mondes,
Comme si je les connaissais par de secondes
Vues, c'est pourquoi je ne te demanderai rien.
- Ça ne m'étonne pas, je te reconnais bien.
- Mais si la vie est un jeu, on devrait pouvoir
Décliner ! Sans pour autant mourir ! Sans histoires !
A-t-on déjà vu condamner un homme à mort
Pour avoir refusé de provoquer le sort ?
Car c'est ça qu'est le jeu, une vaine impatience,
Le vil moyen de négocier son inconscience
Contre un profit dérisoire, au mieux ; c'est toujours
Avec le feu qu'on joue, le feu des mauvais tours...
Je sais ce qu'est le feu, et je ne le hais point,
Je l'ai fixé souvent, m'asseyant dans un coin,
Le feu de l'âtre ou d'un cercle de pierre ; et puis
Je l'ai trouvé ailleurs, dans la plus noire nuit
De l'Être où sans fin brûle un pur feu de conscience ;
Celui là je pourrais, sans perdre patience,
Le contempler toujours d'un simple oeil intérieur,
Assis à son chevet, juste comme un veilleur.
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