"Et si je te disais qu’il existe un monde, sans langues, sans frontières et où tout est possible!" Voilà comment commençait mes journées. Kaveh me racontait des histoires et je restais là à ses pieds. Je pouvais voir ses mains fines s’agiter dans tous les sens, son regard se mettre à briller et tout son visage semblait s’apaiser. Quand il entrait dans ma chambre, l’atmosphère changeait. Les meubles autour de moi devenaient plus vagues, les sons de la maison se calmaient. Plus de chien des voisins courrant sur le parquet, plus de driiiing grinçant et les bruits des pas s’effaçaient. Mais surtout un air de guitare venait parfumer l’atmosphère! Je sentais cette douce odeur de bois travaillé, qui guidait mon esprit vers un monde de merveilles, aérien et coloré. "C‘est bon ne me cherchez plus, durant les deux prochaines heures j’aurai quitté la Terre! "

Me voilà sur mon nuage, du haut duquel j’observe toutes sortes de créatures irréelles: des poissons arc-en-ciel, des autruches qui groovent, des gorilles métaliques, des gazelles élancées se trémoussant sur des mélodies bluesées. Tout s’enchaine, se démène. C’est ce monde là que j’aime. Chacun suit son flow et navigue vers ce qu’il choisit comme paradis.

C’est un monde pour les mots aussi, ils s’appellent, se font écho, se séparent et s’aiment. Les langues se mélangent entre elles, "tiens prend ce refrain", "hmm ça sonne bien?". Ils parlent sans barrières, sans tabous. Ils ont droit à la haine, ils ont droit au rêve. Dans ce monde là nous sommes tous super, chacun son rythme, chacun sa danse, électro, punk, funk, folk, classique, soul, slam, rock, pop, rap ou jazz. Il y a trop à découvrir dans ces vallées, il y a trop à expérimenter au fil des années.

Mes yeux s'ouvrent, tiens ma main qui jouait a saigné. Mon guide repart à la fin de son histoire "à la prochaine, travaille bien tes gammes". Déjà Fini?