Le manifeste du souci

Une minute de lecture

Chers amis lecteur du Journal des Fleuristes,

Je vous écris ce jour car je ne me supporte plus. Ou plutôt, je ne supporte plus le nom que l’on me prête à moi Calenda, la petite horloge… l’horrible nom de souci.

Qui aimerait se faire appeler souci ? En tout cas, pas moi, qui suis une petite fleur gaie et chatoyante. De plus, j’ai la discrétion de vous offrir un parfum léger et suave et de ne pas vous en assommer comme l’orgueilleux mimosa, le pâle gardenia ou encore l’envahissant jasmin.

Du printemps jusqu’à à l’automne, j’habille mes pétales de parures jaune vif, rouge ou oranger pour vous inviter à la joie et au bonheur. Et en réponse je ne reçois que quolibets.

"Tu me donnes du soucis" ou encore " Oublie les soucis, et les soucis t'oublieront."

L’autre jour j’ai surpris une conversation entre un basque et un tzigane. Le premier affirmait sans sourciller "L'éducation des enfants est achevée ; maintenant viennent les soucis ", ce à quoi, l’autre lui répondit "tu as raison. La colère blanchit les cheveux, et le souci vieillit."

Mais qu’ai-je donc fait au bon Dieu pour mériter un tel opprobre ?

Il y a longtemps, du temps de l’amour courtois, on me portait comme charme ou sortilège d’amour et Tristan et Yseult m’accrochaient sur leurs poitrines. Mais ce temps est maintenant bien révolu. On ne me trouve plus que sur les couronnes mortuaires. C’est à pleurer !

Il paraîtrait même que certaines personnes prises dans un triangle amoureux se servent de moi pour exprimer leur jalousie. Comme quoi, je suis tombée bien bas !

Et tout cela à cause de cet horrible nom dont on m’affuble.

Alors donc, je vous le demande instamment, chers amis lecteur du Journal des Fleuristes, soutenez-nous les Calenda, et exigez qu’on nous trouve rapidement un nom plus adapté au bonheur que nous vous procurons.

Nous comptons sur vous.

Et, par pitié, ne répondez pas : Pas de soucis…

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Ndlr : Comme vous vous en doutez, cette rubrique est assurée par Harold, le Gentil Jardinier.

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