Cloitrée dans l’ascenseur à regarder sans même voir les chiffres défiler jusqu’au quatrième étage de mon immeuble, je repense à cette fille que je viens de rencontrer. Elle est étrange, mais quelque chose me dit qu’on va bien s’entendre. Depuis toujours, je me suis souvent rapprochée des personnes qui me sont diamétralement opposées. Le frisson me parcourt quand j’entends encore sa voix résonner dans ma tête. L’ancienne propriétaire est morte dans mon salon. L’agence ne m’a jamais parlé de ça, il faudra que je les recontacte à leur retour de vacances.

Inspirant à fond lors de l’ouverture des portes, je positive sur cette information et dédramatise la situation d’un revers de main. Peu importe le passé, je vais de toute évidence remettre cet appartement en état coûte que coûte et il ne restera plus rien de cette chère Ursula.

Plus rien, pas si sûr...

Là, dans la pénombre du couloir, je m’attarde sur quelque chose d’inhabituel. Posée, devant ma porte en bois sombre, se trouve une boule sur le paillasson de bienvenue. Surprise, je hausse les sourcils et jette un oeil un peu partout pour y trouver âme qui vive. Mais, je suis seule sur le palier qui dessert également trois autres appartements. J’avance doucement, en réajustant la lanière de mon sac à dos à plusieurs reprises. Soudain, la boule se met à bouger. Je lâche un petit cri, trop strident à mon goût, recule d’un pas et fais volte-face au son d’une porte qui se déverrouille. Pourtant, je n’y vois personne, juste une ombre puis le grincement de cette même porte qui se referme discrètement, comme si quelqu’un m’observait.

Des bruits de pas s’étirent dans ma direction, mais toute mon attention est aspirée par ce chat démoniaque, posté cette fois-ci devant mes pieds, la tête inclinée sur le côté à m’observer.

— Tu m’as fait peur, abruti ! lancé-je, pour évacuer la peur que je venais d’avoir.

Ce dernier miaule en guise de réponse et vient se frotter de tout son long contre mon jean.

— C’est le chat d’Ursula, intervient Carla.

Je sursaute. Décidément, cette journée ne se terminera donc jamais.

— Comment ça son chat ? Qui s’en occupe aujourd’hui ?

— Moi, en attendant que tu te décides à le prendre avec toi.

Cette fille ne manque pas de toupet, c’est étrange, mais j’apprécie ce franc-parler. Je navigue les sourcils froncés entre ma voisine et les yeux verts de cet animal à la robe tigrée qui semble incroyablement douce. J’adore les chats, c’est mon point faible, mais Alex y est allergique alors j’avais abandonné toute idée d’en adopter un, quand nous avions aménagé ensemble cinq ans plus tôt. Soudain, un goût salé me prend à la gorge et je me rappelle ma nouvelle situation. Je suis là, dans une ville que je ne connais pas, seule.

— Bien, je vais le prendre. C’est quoi son nom ?

Carla hausse ses fines épaules puis tapote son menton de ses fins doigts.

— Méphisto, ça lui irait bien non ?