Chapitre 7

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Écrit en écoutant notamment : Zatox - This Is Italy [Hardstyle]

Après avoir passé Milan, nous commençons enfin à remonter vers les premières vallées des Dolomites. Que ce soient mes parents ou mes amis, tous ceux qui ont déjà visité la région m’ont vendu des paysages de rêves, et force est de constater qu’ils ont eu raison. Les vallées étroites, cernées de montagnes qui grimpent à pic, sont absolument splendides ! Nous admirons par la vitre les innombrables sommets enneigés des Alpes qui contrastent avec le bleu profond du lac de Garde.

Nous atteignons la ville de Trente et notre hôtel pour la semaine de compétition une petite heure après. C’est une sorte d’immense baraque foncée à mi-chemin entre un chalet de montagne et un immeuble, située sur les premières hauteurs de la ville. Avec Andreas, nous héritons d’une charmante chambre composée de deux petites pièces séparées par une porte interne, prolongées d’un balcon nous permettant d’admirer la vallée.

— Je te le dis, on va être bien ! lancé-je en me laissant tomber sur un des lits.

Alors que nous défaisons nos affaires, je vois un bus se garer devant un des baraquements voisins du nôtre. Un groupe de jeunes athlètes, vêtus de survêtements à leurs couleurs nationales, en descend et se dirige, de manière bien plus sérieuse et disciplinée vers leur résidence, que nous tout à l’heure. Ils ne sont pas là pour visiter la région, c’est certain !

J’interpelle Andreas :

— Tu penses que c’est quel pays ?

— Hmm, blanc, bleu et rouge, sûrement les Slovaques ou les Slovènes, je sais que leur drapeau se ressemble beaucoup.

— Ah ouais, ça doit être ça !

— Il a l’air d’y avoir de ces meufs incroyables, je te jure ! s’enthousiasme-t-il.

— Genre tu peux voir ça à cette distance…

— Évidemment !

À 16 heures, nous descendons et nous installons dans ce qui me fait penser à une salle de conférence de presse, afin de recevoir les consignes et indications générales pour cette semaine – notamment les horaires des repas.

Il est ensuite temps d’aller nous dégourdir les jambes après ce long voyage et ces heures passées assis. Nous avons le plaisir de constater qu’il suffit de remonter le talus derrière le bâtiment pour rejoindre des sentiers de randonnée qui longent des pentes abruptes. Quel cadre idéal ! Je prends de nombreuses photos, notamment pour Lucas, qui me demande déjà régulièrement des nouvelles de notre déplacement.

***

Le surlendemain.

Je m’installe sereinement dans les starting-blocks. C’est mon premier 400 m de la semaine, celui des séries, qui je l’espère, me qualifiera pour les demi-finales de demain. Vu mon niveau sur les dernières semaines, cela devrait passer sans trop forcer. Les tribunes du stade sont clairsemées, mais c’est déjà bien pour un début de compétition !

Au coup de pistolet, je me redresse en poussant à fond sur mes jambes pour atteindre le plus rapidement ma vitesse maximale. Mon temps de réaction au départ a été bon, ce qui me permet d’avoir déjà plusieurs mètres d’avance sur la plupart de mes concurrents au passage des deux cents mètres. Il faut maintenant simplement tenir une vitesse suffisante jusqu’à l’arrivée et lutter contre l’acide lactique qui tape dans les cuisses !

Je termine finalement la course deuxième, derrière un italien : ainsi, je suis directement qualifié pour les demis. Andreas, qui se tenait sur le banc de l’équipe, accourt pour me féliciter :

— Wow, 48’’15 en séries ! T’es beaucoup trop chaud !

— Ouais, j’avais des super sensations !

Nous suivons attentivement les séries suivantes du 400 mètres pour voir quels sont les athlètes en forme. La grande majorité des favoris de la compétition se qualifient facilement, mais nous sommes surpris par un sprinteur belge et un autre russe, complètement inconnus jusqu’à maintenant. Leurs temps sont très proches des miens…

Une fois toutes les séries terminées, Stéphane vient me trouver, muni de son calepin de notes.

— Bon, on a déjà les infos pour ta demi-finale ! Il y aura l’espagnol Alvarez ; honnêtement, même si ton temps d’aujourd’hui est excellent, il vaudra mieux éviter d'aller le chercher. L’objectif sera la deuxième place, même si t’auras un moins bon couloir pour la finale. Tu vas devoir batailler avec le russe ; surprenant, mais il semble très solide.

Très mignon surtout ! pensé-je en le voyant passer à l’instant derrière mon coach.

J’ai encore le temps de suivre le 3000 steeple d’Andreas, qui s’arrache littéralement pour glaner au temps une place en demi-finale. Franchement, l’objectif est rempli pour lui, la suite ne sera que du bonus !

***

En milieu d’après-midi, nous rejoignons l’hôtel pour une séance de récupération complète. Après quinze minutes de footing à très faible allure, nous commençons par un bain froid qui doit permettre d’augmenter le flux sanguin dans les jambes, puis passons dans une salle où ont été dépliées plusieurs tables de massage. Je dois dire qu’avoir trois kinés pour notre modeste délégation est un luxe que nous savourons !

Je me demande parfois si le doux massage des cuisses et des mollets dont je profite actuellement a un réel bénéfice physiologique, ou si la détente mentale induite ne fait pas tout. Allongé sur la table d’à côté, Andreas me lance régulièrement des clins d’œil satisfaits.

Quelques heures de temps libre nous sont allouées avant le repas du soir. Ainsi, nous passons d’abord un moment au rez-de-chaussée pour discuter avec nos amis des autres disciplines et débattre de nos performances, avant de remonter à la chambre. Pendant qu'Andreas termine le montage de la vidéo pour laquelle il s’était jeté à l’eau, j’ouvre par curiosité mon appli de rencontre pour voir si les italiens du coin sont beaux gosses.

Je ne suis certainement pas déçu, mais plutôt intrigué par ce profil qui paraît très proche malgré la distance masquée. Sûrement un collègue de l’équipe de France, bien qu’à ma connaissance, je sois le seul athlète ouvertement gay du groupe. Ni une ni deux, j’envoie un message.

Quelques minutes plus tard, alors que j’observe toujours Andreas manipuler les différentes séquences, je reçois un message en anglais du mec en question. Le feeling passe plutôt bien et je n’hésite pas à envoyer une photo de moi. La réponse suivante se fait quelque peu attendre – se pourrait-il que je ne lui plaise pas ? – mais lorsque je rallume mon téléphone un quart d’heure après, le message que je lis me laisse très surpris :

“ Oh, you are Baptiste Seguin from the French team, aren’t you ? You look handsome ;) “

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