Chapitre 11
Écrit en écoutant notamment : Klanglos - Acid Trip
Heureusement, le style de musique finit par changer vers minuit trente et l’éclairage s’adapte en conséquence. L’endroit possède plus de ressources que prévu ! Alors que nous en étions à nous demander s’il n’était pas temps de rentrer, les classiques électro-house de David Guetta, Martin Garrix, ou encore Italobrothers nous redonnent le coup de fouet nécessaire. Le DJ à l’œuvre est un jeune gars vêtu d’un t-shirt à l’effigie du festival Tomorrowland et dont seule une courte moitié du crâne est rasée. Nous voici plus en terrain connu ! L’enchaînement des morceaux me rappelle mes premières soirées de fin de collège… et surtout les premières fois où j’ai réalisé la beauté de certains de mes amis de la classe, où ces lèvres masculines et ces corps taillés ont fait naître une flamme délicieusement subversive en moi. La musique et mes souvenirs se mélangent dans un état de transe qui me fait oublier mes compagnons du soir.
C’est Andreas qui finit par me ramener d’un cran vers la réalité, avant que nous remontions vers l’hôtel en plein milieu de la nuit. Je ne me souviens pas avoir autant dansé depuis longtemps ! Nous présentons nos cartes de chambre au concierge, qui nous dévisage d’un air plus qu’interloqué. Malgré notre état, nous tâchons de faire le minimum de bruit pour ne pas réveiller nos coéquipiers qui ont besoin de sommeil.
***
Je me lève le lendemain matin avec un mal de tête désagréable. Immédiatement, les images de la soirée me reviennent : je me vois enchaîner les verres les uns après les autres, perdre progressivement mon discernement et la maîtrise de mon corps.
Comment ai-je pu en arriver là ? Je me dégoûte, tout simplement. Je n’ai même pas été capable de résister à des pulsions stupides… Et l’excuse de ne plus avoir à courir n’en est pas une ! Enfin, soyons clairs : au départ, c’est bien cette salope d’Ilya qui est responsable de toutes ces conneries ! Comment ai-je pu me laisser berner par ce connard fini ?
Dans un élan de rage, je m’habille et fonce vers l’hôtel de la délégation russe. Mes poings sont serrés et je jurerais que mes veines de l’avant-bras sont plus saillantes que d’habitude. Je n’ai plus qu’une idée en tête, en découdre avec lui ! Il se rend compte qu’il a gâché plusieurs durs mois de ma vie ? En m’empoisonnant avec sa saloperie ! J’atteins l’escalier extérieur que j‘ai emprunté l’avant-veille et monte les marches deux à deux.
Pourquoi ne pas violer son corps une fois que je l’aurai mis au tapis, cette pute ne mérite que ça ! Il ne courra plus très longtemps, je te le dis ! J’arrive sur le balcon et me retrouve désemparé face à la chambre qui semble vide. Je suis comme paralysé par la pulsion de violence qui a envahi tout mon corps, frustré de ne pas pouvoir la libérer. Mes bras se mettent à trembler sans que je ne puisse rien contrôler ; s’il faut, je vais me casser les phalanges contre ce putain de mur !
Alors que j’allais hurler la rage qui me parcourt, j’entends un subtil bruit de poignée qui s’enclenche. Immédiatement, je me cache sur le côté de la porte-fenêtre et jette un regard furtif quelques secondes plus tard. Il est là ! Putain je vais me le faire ! Je profite du fait que la porte ne soit pas claquée pour m’introduire en retroussant les manches de mon sweat.
Il ne met que quelques fractions de seconde pour se retourner et m’apercevoir :
— Baptiste ! What are you doing here ?
Je ne réponds même pas et me contente de poser mon regard menaçant sur ce beau garçon. Cet effronté ose même continuer à parler :
— I sent you a message but…
Je me jette sur lui et l’écrase contre un mur. Il se débat et tente de se défaire de ma prise, mais je suis plus costaud et l’adrénaline me donne une force supplémentaire.
— You fucking little bitch !
Mon poing s’écrase sur son arcade, qui éclate dans un craquement sourd. Je suis tellement surpris que je relâche temporairement mon étreinte. Ilya en profite pour se dégager mais j’arrive à le replaquer sur son lit. J’y crois pas, en plus le gars est en train de bander ! Tandis que je le maintiens à l’aide de mes jambes, je descends son jogging de force.
Je passe ma main dans le mien et effectue des allers-retours vigoureux sur mon sexe pour forcer mon érection, lorsque la porte de la chambre s’ouvre brutalement :
— Who the fuck are you ? Get out of here ! lance le gars.
J’ai à peine le temps de voir son visage que je déguerpis, en me tapant l’épaule contre le bord de la vitre. Je sprinte jusqu’à l’hôtel en me retournant de temps en temps pour vérifier que personne n’est à ma poursuite.
Je monte à l’étage et m’assois sur mon lit, tête baissée. Comme tout à l’heure, je tremble de stress ; c’est complètement irrépressible. Mes dents se mettent à claquer comme si j’avais passé une nuit de décembre dehors. J’ai l’impression de ne juste plus pouvoir réfléchir à quoi que ce soit : seules les images de la course, des médecins qui m’observent, celles d’Ilya, de notre plan, de ma soirée en boîte, de ma fuite à l’instant, reviennent à la charge chacune leur tour dans une violence croissante.
Andreas me trouve une demi-heure plus tard toujours prostré dans la même position. J’ai honte de moi mais suis incapable du moindre geste ou de la moindre parole cohérente.
— Oh merde… Tu veux que j’appelle quelqu’un ?
— Non… non…
— Eh mais t’as du sang sur les mains ! Putain… qu’est-ce qui t’est arrivé ?
— Rien… pas grave.
Il m’accompagne jusqu’à la salle de bain et essaye tant bien que mal de nettoyer les traces de sang provenant de l’arcade d’Ilya.
— T’es pas blessé en fait ! Tu t’es battu ou quoi ? Franchement dis-moi, je t’ai jamais vu comme ça et ça m’inquiète.
— Non… enfin je sais pas !
— Bon, installe-toi tranquillement et essaye de reprendre tes esprits… T’as l’air complètement à l’ouest. Je reste là si tu veux m’expliquer quoi que ce soit.
Je n’ai envie que d’une chose, rentrer ! Retrouver la fac, retrouver ma piste préférée, retrouver mon Lucas. Je ne veux plus qu’il m’arrive quoi que ce soit de plus dans ce trou !
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