Qu'il est drôle

Le soir de Noël

d'errer dans la rue

En ville.

On y voit des clochards,

s'emmitouflant au chaud

dans leur duvet.

On y voit des ivrognes

Qui crie, qui chante,

qui font tout pour qu'on les voit,

comme si ils voulaient qu'on leur dise :

"mon ami, calme-toi,

viens passer Noël avec moi".

Il y a des gens en voiture,

qui passe vite

en innondant la rue de musique

et en fumant des joints.

Ils ont l'air heureux,

Ils ont la ville pour eux,

Et pendant que les gens normaux

S'offrent des cadeaux,

Eux flirtent solitairement avec la mort.

Moi je suis sur mon vélo,

j'ai peur qu'il ne me voit pas

qu'il me renverse

moi qui suis seul dans le froid

sur mon vélo et sous la pluie

à quatre heures du matin.

Je me dis qu'il serait triste

De mourir le soir de Noël,

tout seul avec mon vélo,

A cause de gens qui eux-même cherchent la mort.

Puis quand je rentre,

Et que les familles dorment

Je m'isole sur un bout de papier.

J'écris sur les gens bizarres

Que j'ai croisé

Comme si je n'étais pas comme eux

Comme si mon Noël était normal

Comme si après tout

Ma solitude

Était pas la même que la leur.