14. LENAIS :

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Un vieux manteau, un gros pull blanc, à l’intérieur Arwen.

Elle aimait se retrouver seule à la tombée de la nuit, vous savez ce moment où le ciel semble hésiter entre la lumière et l’obscurité. Et qui finalement choisit toujours la même chose.

Le vent frais du large s’engouffra sous son pull, le gonflant comme une montgolfière. Elle rit, frissonna et ramena ses bras contre sa poitrine. Les dernières lueurs du jour disparaissaient dans les eaux tumultueuses. Elle s’arrêta un instant essayant de piéger la dernière lueur dans sa mémoire. Elle cligna des yeux. La nuit était là. Elle l’avait manqué. Encore une fois.

Un bateau, au loin, venait d’allumer ses feux. Les cris stridents des sternes signalaient l’heure du dîner. Une sirène annonçait la brume. Le phare illuminait par intermittence l’océan. Les pieds d’Arwen lui signalèrent que le sable était froid. Il était temps de rentrer. Elle fit demi-tour. Rattrapé par la brume, elle hâtait le pas…Un clapotis…Une voix indistincte…

-Arwen...

La jeune femme tourna la tête.

-Arwen…

-C’est toi Lenaïs !

Une jeune femme surgit du brouillard, Arwen ne recula pas.

- Je t’attendais petite sœur.

- Je te sens triste Arwen.

- Je le suis toujours.

- Que t’arrive-t-il ?

- J’ai peur.

- De quoi ?

- De passer toute ma vie ici.

- C’est une belle plage pourtant.

- Je veux voir autre chose.

- En es tu sûr ?

- Tous ces bateaux qui passent, tu les vois ? J’aimerai naviguer sur l’un deux. Partir à l’aventure dans des pays que je ne connais pas.

- Tu me laisserais seule?

- Tu n’existes que dans mes rêves et mes rêves me suivent partout Lenaïs.

- Je ne suis pas un rêve Arwen.

- Tu es morte Lenaïs, il y a longtemps. Et je ne sais plus comment…

- Peut-être te trompes-tu ? Ce vieil homme m’a vu.

- Lui aussi vit dans ses rêves, et nous nous y retrouverons sans doute un jour.

Lenaïs abaissa la tête.

- Je me sens tellement seule Arwen, dans cet océan glacial. J’ai toujours froid.

- Viens près de moi petite sœur. Elle tendit les bras.

- Tu sais que tu ne peux pas me toucher.

- Approches, n’aie pas peur.

Lenaïs, lentement, s’approcha de sa sœur et se pelotonna dans ses bras. Arwen la serra fort et elle s’évanouit dans un souffle. Deux perles salées s’échappèrent de ses yeux sombres et glissèrent sur ses joues. Elle tomba à genoux se serrant elle-même et resta ainsi longtemps, très longtemps. Trop longtemps.

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