32.UN VISAGE.

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Alex atteignit prestement la petite maison à la porte vermoulue. Une brume épaisse couvrait le paysage et avait pénétré dans la maison par la porte ouverte.

Prudemment le vieil homme s’avança dans l’entrée. Personne. Ses yeux se portèrent sur la malle béante alors qu’elle n’aurait jamais du l’être. Il tourna la tête et observa la pièce. A part sa propre respiration, tout était calme, pas un bruit, pas un oiseau, pas une miette de vent, pour la première fois depuis son arrivée à Anaita, il ressentit une angoisse, celle de la fin, celle qui vous disait qu’il fallait profiter de ces quelques instants qu’il vous restait tant que vos poumons fonctionnaient encore. Il eut peur de mourir à cet instant, de mourir sans qu’il n’ait trouvé ce qu’il cherchait, mais que cherchait-il au fond ?

C’était comme tenter de saisir dans ses mains, un peu de brouillard épais, il s’échappait, fuyait entre les doigts mais continuait de l’entourer. Il était venu à Anaïta trouver une femme qui était probablement morte. Il se sentait au bout du chemin, avec pour seul choix la funeste aventure de la mort. Et l’oubli…Il sentit un regard sur lui, il scruta la pièce et ses yeux trouvèrent un visage à la fenêtre, un instant, une seconde, un sourire et il disparut, Alex avait pourtant reconnu ce visage, c’était celui pour lequel il était revenu à Anaïta, mais pas tout à fait. Il sortit aussi rapidement que ses vieilles jambes lui permirent mais il était seul dans le jardin brumeux. Pour la deuxième fois de sa vie, elle avait disparu. Avait-il rêvé ?

- Alors on rêve vieil homme ?

- C’est drôle que vous me disiez ça Elise, je me posais justement la question.

- On dirait que vous sortez d’un rêve qui ne s’est pas terminé comme le vouliez.

- Il y a un peu de ça, c’est sans doute ce temps brumeux qui me joue des tours.

- Ou bien vous ne rêviez pas et c’est quelqu’un qui vous joue des tours

- Ce ne serait pas possible

- Mais que cherchez-vous vraiment Alex ?

- Des réponses

- Avez-vous les bonnes questions ?

- Je ne sais pas, je ne sais pas si j’ai bien fait de revenir ici

- Bien sûr que si, vous m’avez rencontré

- Argument incontestable jeune Elise.

- Je savais que vous ne pourriez pas le nier

- Je suis fatigué Elise, je cherche un rêve, et j’oublie de vivre ce qu’il me reste à vivre.

- Vous parlez comme un vieux

- Je suis vieux, il inspira profondément, et stupide Elise, je suis venu ici dans un but illusoire.

- Vous n’êtes pas stupide

- En tout cas je ne suis pas très brillant…

- Mais qu’êtes-vous venu réellement faire ici ?

Hésitation. Respiration. Révélation.

- Mourir sans regrets


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