Shine bright like a diamant

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J'ai profité du trajet aéroport-hôtel pour contacter des personnes bien peu recommandables de mon ancien boulot. Je n'avais pas honoré mon dernier contrat, celui sur Marsh. J'avais berné mes employeurs et le commanditaire en faisant croire que je l'avais tué, la vidéo et le certificat de décès apportaient les preuves et le virement avait suivi, sans autre question. J'avais démissionné dans la foulée et pris soin de ne pas trop me faire remarquer. Mais cette soudaine notoriété avec nos bouquins et Billy nous avait peut-être mis en danger…

L'Agence ne me ferait pas de cadeau s’ils savaient Marsh vivant, mais j'avais besoin de tuyaux et il y avait là-bas des gens sur qui je pouvais compter et qui ne me balanceraient pas.

Mes questions étaient simples :

Est-ce que quelqu'un en veut à Marsh ? Faut-il creuser la piste de Tony, le commanditaire corse ? Est-ce que je peux compter sur eux ?

J'ai ajouté que je ne pouvais pas me foirer sur ce coup-là.

Ils ont compris, ils vont m'aider.

Mais la réalité pouvait être totalement différente, il y avait peut-être d'autres raisons au départ de l'homme de ma vie…

                        ***

Cloisonner.

Alors après l'incompréhension, il y a eu la colère, la rage. Je l'ai agoni de noms d'oiseaux et comme cela ne suffisait pas, j’en ai inventé de nouveaux qui m’arrachaient la gorge quand je les hurlais et me fracassaient les tympans. J’ai fini par devenir silencieuse. Même pas transformée en pierre, une pierre, ça prend de la place et on trébuche dessus. Je voulais juste devenir du vide. Du vent qu'on n'attrape jamais. D'une densité proche de zéro.

Ses bras me manquent, sa peau, sa bouche…

Dans le rayon des sentiments, je ne m’aventure jamais. Ma seule devise : ne rien montrer, juste démontrer. Seulement des preuves, des actes et des faits. L'intérieur de mon cœur est un endroit interdit. La peine causée par son absence m’oblige à me faufiler dans des chemins que je déteste emprunter.

S’il n'est plus là, qui soulèvera mes cheveux pour embrasser ma nuque, juste ici ? Si je n’ai plus ses mains pour y enfouir mes doigts, que vais-je en faire demain ?

Il a fallu du temps pour le laisser s'approcher. S’il disparaît, je ne serai plus apprivoisée.

Ne pas penser. Avancer.

                        ***

La chambre du palace est somptueuse, avec une vue à couper le souffle sur l'Empire State. La nuit est tombée sur Manhattan, tout scintille, les lumières de la ville et celle de Noël. Le lit immense me tend les bras mais sans une moitié, il perd de son intérêt.

La vie est à mes pieds, hors de question de ne pas en profiter. Je déguise Billy en chien bien élevé, manteau, bonnet. Je sais, c'est ridicule et je déteste mais les coyotes ne sont pas les bienvenus à New York City.

Le liftier nous sourit, je ne sais pas lequel de nous deux il a reconnu.

Une foule compacte et pressée se bouscule dans les rues. Des odeurs mélangées de marrons tous chauds et des sapins fraîchement coupés me font croire que je suis dans une forêt… Mais une sirène de pompier rompt le charme, elle hurle et il me semble être la seule à l'entendre. NY la Belle a la fièvre acheteuse, les gens choisissent n'importe quoi, des trucs à One Dollar et des choses hors de prix pour remplir les chaussettes pendues aux cheminées. La ville n'est que papier cadeau, volutes de rubans et débauche d'argent. Il y a trop de monde. Nous quittons les artères animées et leurs bousculades pour retrouver le calme de la 28th Avenue, direction l'Hudson. Les immeubles en briques remplacent les buildings. On se croirait dans une petite ville de banlieue. À Chelsea Park, Billy peut enfin courir un peu. Je suis dans la Grande Pomme, j'ai un coyote à mes côtés.

On rejoint la High Line désertée par les promeneurs. Nos pas résonnent sur les planches et tout n'est que brillance. Comme si quelqu'un avait jeté de la poussière de diamants sur l'ensemble de la cité. Le fleuve si noir d'habitude est devenu un miroir éclaboussé de lucioles.

Un arrêt au Chelsea Market pour acheter un café. Les étals regorgent de fruits, de légumes montés en pyramides, ils sont tellement brillants qu'on les croirait lustrés. Décidément, tout brille ici. Sauf mes yeux. Ils n'ont plus de couleur depuis hier.

De retour à l'hôtel, je vérifie mes messages. Les types que j'ai questionnés n'ont pas de piste pour le moment. Pas d'informations sur le Tony, le corse. Pas de mouvement inhabituel. Pas de trajet identifié récemment. Ce n'est sûrement pas la bonne piste.

J'essaye une nouvelle fois de joindre Marsh par tous les moyens habituels, je n'ai aucune nouvelle.

Il a dû se trouver une poulette… Il n'a même pas eu le courage de me larguer…

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