8/8. La promesse de t'aimer malgré tout.
Gwenaelle inspecta pour la dernière fois la chambre d’hôtel dans laquelle elle avait passé les trois semaines qui s’étaient déroulées depuis la soirée plan à trois avec son ex et son amie.
Ne voulant pas être un frein aux habitudes de vie du couple de Maya, l’option de l’hôtel avait été la meilleure idée pour Gwen, se retrouver loin de la frustration qu’elle avait ressentie lorsqu’elle s’était rendue compte qu’elle avait été manipulée.
Elle avait refusé de dire à Maya ou à Jack l’endroit où elle se trouvait, il était hors de question qu’un des deux ne vienne la retrouver. Elle voulait être seule, peut-être même pour toute la vie si elle ne pouvait pas la passer avec son brun.
Mais voilà qu’il était temps pour elle de repartir pour la France. Jack n’avait pas donné de nouvelle depuis une semaine et Gwen prenait ce silence pour un rejet évident. Alors, elle prit sa valise, paya la chambre d’hôtel à la réception et se rendit à l’aéroport en taxi dans un silence morose.
Son vol pour la France ne semblait pas être en retard, ce qui voulait dire qu’elle monterait dans l’avion vers quinze heures, soit, deux heures plus tard.
Gwen soupira, elle se sentait éreintée d’attendre, toujours attendre, quelque chose qui ne viendrait pas. Enfin, son avion viendrait, mais réussira-t-elle à avoir assez de force pour monter dedans et abandonner une seconde fois l’homme qu’elle aimait toujours ? C'était une question dont elle n’avait une fois encore pas la réponse.
Elle se posa nerveusement sur un siège, sa valise à ses pieds et le téléphone en mains, jouant à un jeu pour faire passer le temps.
Les minutes passèrent et l’ennui prit vite le dessus, alors, elle s’autorisa à lever les yeux de son écran afin d’observer tout ce qui se trouvait autour d’elle. Des familles attendant joyeusement leurs enfants après des vacances bien méritées, des personnes pressées et épuisées de voyager sans cesse pour leur travail, quelques sans domicile fixe qui mendiaient au sol dans l’espoir d’avoir de quoi survivre pour les prochaines heures, des gens qui attendaient leurs biens aimés, des enfants qui couraient et s’agitaient dans tous les sens ce qui ne manquaient pas de faire pleurer les bébés et d’énerver les adultes. Gwen les regardait tous, et malgré tout, elle les sentait vivants. Pourquoi ne se sentait-elle pas vivante à cet instant ? Depuis combien de temps ?
Son regard se posa sur un petit garçon blond, assis à côté d’elle, qui ne cessait de la fixer.
— Euh.. Salut, pourquoi tu me regardes comme si j’avais quelque chose de bizarre sur le visage ?
— C’est le cas.
Le sourire du petit garçon alarma Gwen, qui sortit rapidement un mouchoir avant de s'armer de son téléphone pour nettoyer la partie souillée de son visage.
— En fait, tu ne peux pas voir ce qu’il y a réellement sur ton visage, mais moi je vois très bien.
Elle le regarda les sourcils froncés.
— Ok, dis tu fais quoi tout seul pour parler à une inconnue ?
— J’ai une mission. Enlever ta tristesse et te guider jusqu’à ton bonheur.
Cette fois-ci, Gwenaelle ne put s'empêcher de ricaner.
— T’es un super héros ?
Le petit garçon se leva, tendit une feuille remplie d’une jolie écriture noire, puis s’éloigna sans prononcer d’autres mots.
Ne comprenant pas tout ce qui se passait et ayant peur de manquer son avion, Gwen hésita avant de lire les mots couchés sur cette feuille.
Si ce mot est parvenu jusqu’à toi, c’est que ton avion n’a pas encore décollé, peut-être le lis-tu dans l’avion et dans ce cas j’aurais échoué, mais il est aussi possible que tu le lises à l’instant même où mon cousin Diego te la passé et j’aurais peut-être une chance de nous sauver.
J’ai longtemps hésité avant d’écrire ces mots, avant d’être sûr qu’ils devaient être lus par tes jolis yeux. Lorsque tu es partie pour la France, mon cœur s’est brisé en mille morceaux, et puis tu as choisi de couper tout contact avec moi, c’était comme si tu avais décidé de piétiner tous ces morceaux de cœur déjà bien cassés. J’ai souffert pendant trois longues années, puis par un petit miracle, j’ai pu profiter presque un an, comme si je découvrais ce que c’était vivre. J’avais trouvé peu à peu un équilibre sans trop souffrir par ton absence. Mais tu es revenue aussi soudainement que ton départ et tu as de nouveau tout chamboulé en moi. Tu savais ce que tu voulais et malgré tout ce que j’avais pu faire pour oublier ou ignorer, mes sentiments pour toi existaient toujours et vibraient à m’en brûler la poitrine.
J’ai aussi longtemps réfléchi aux pour et aux contres de te laisser une nouvelle chance et je suis toujours autant effrayé à l’idée que tu repartes avec mon coeur, et que je puisse souffrir encore une fois. Mais le temps est passé, chacun de nous est plus mature et je ne voudrais pas regretter de ne pas avoir saisi la chance d’être de nouveau avec toi, surtout après les kilomètres que tu as fait et l’insistance dont tu as fait preuve.
Alors, s’il n’est pas trop tard et que tu veux toujours de moi et de mes foutues promesses, rejoins-moi à l’endroit de notre premier rendez-vous.
Je t’aime. - Jack.
Le cœur de Gwen battait la chamade et tout son corps brûlait d’excitation. L’heure indiquait que son avion allait bientôt pouvoir être rempli mais elle n’hésita pas une seconde avant de prendre ses affaires et de courir le plus vite possible jusqu’au petit jardin public.
À l’entrée de celui-ci se trouvaient au sol une multitude de pétales de Pervenche pour raviver leurs doux souvenirs passés ensemble, des pétales de Primevère pour leur rappeler la jeunesse et des pétales de Rose rouge pour leur amour.
Gwen avançait doucement, admirant le décor typique d’un film d’amour, mais surtout le décor dont elle avait toujours rêvé pour sa demande en mariage. Des centaines de bougies et de lumière artificielle venant de magnifiques guirlandes éclairaient une bonne partie du parc et elle ne put retenir quelques larmes de couler sur ses joues.
En face d’elle, à la fin du chemin fleuri, se trouvait Jack, son Jack, vêtu d’un jean qui moulait ses cuisses musclées, d’une chemise blanche qui rappelait la blancheur de son sourire et des baskets colorées. Gwen le trouvait incroyablement beau et c’est d’ailleurs la première phrase qu’elle prononça une fois arrivée à la hauteur du jeune homme.
— Je suis heureux que tu sois là ! Tu ne peux pas savoir à quel point j’ai eu peur que tu repartes.
Il ne la laissa pas parler, l’attirant chaleureusement dans ses bras.
— Je t’avais promis et je réitère la promesse de t’aimer malgré tout. Je suis prêt à de nouveau nous laisser une chance, si tu le souhaites toujours.
Gwen s’écarta légèrement de Jack afin de pouvoir le regarder dans les yeux.
— Bien évidemment Jack ! Je serais folle d’avoir tant donné en énergie pour repartir sans avoir ton amour !
— Alors veux-tu retenter une nouvelle relation, sérieuse, sur nos bases, sans prendre la poudre d’escampette ?
— Oui, je le veux !
Les deux amoureux éclatèrent de rire face à leurs paroles, semblables à une demande en mariage.
Jack embrassa Gwen comme s’il retrouvait enfin son oxygène. Puis, après s'être séparés l’un de l’autre, le brun sortit de sa poche le cadenas qui avait toujours symbolisé leur amour et leurs promesses.
— On va accrocher le cadenas sur le pont et jeter la clé dans l’eau en dessous, même si le gardien m’a interdit de le faire !
Un nouveau fou rire retentit, jusqu’à ce que leur destin soit définitivement scellé, marquant leur nouveau départ et le renouveau de leur relation.
— Je t’aime, Jack.
— Ma fois, je t’aime aussi Gwenaelle.
Ils passèrent le reste de la soirée et de la nuit à profiter de leur rendez-vous amoureux, se remémorant au passage leurs moments les plus forts et imaginant leur futur dans les grandes lignes.
S’endormant l’un contre l’autre, souriants, ils s’étaient enfin retrouvés.
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