Paranormal - La chaussette
La soirée avait été bien arrosée et une fois encore, je m'étais couché à pas d'heure. Une sensation de fraicheur me réveilla dans la nuit. Tentant d'apercevoir mes jambes à travers le voile de la nuit, je remarquai non sans amusement, que je n'avais plus ma chaussette gauche.
Je fouillai la pièce du regard dans la pénombre de la nuit pour finalement apercevoir ma chaussette posée à terre, esseulée, devant ma porte ouverte. J'avais dû la perdre dans la nuit, je me levais donc dans la douleur pour m'en emparer car chaussette perdue, chaussette foutue comme disait ma grand-mère.
Alors que je me levai et tendai les bras vers mon bien tant convoité, voilà qu'elle s'en alla dans un étrange flottement à travers la porte pour disparaitre à l'encablure. Etonné, je me mis en quête de ma chaussette que j'aperçus alors au milieu du couloir. Je passai la penderie du couloir et esquiva à la dernière minute la porte supérieure qui n'était pas fermée. Puis, je fonçai dans sa direction.
Alors que je m'avançai vers elle d'un pas sûr et décidé, elle s'enfuyait de nouveau sans crier gare. Je la pourchassais, car, soyons franc, j'avais froid au pied. Un fantôme m'en voulait, c'était une certitude, impossible pour une chaussette de s'enfuir seule, surtout les miennes. J'avais enseigné à mes chaussettes une fidélité sans faille, celle-ci ne faisait pas exception.
J'avais assez vu le film Ghostbuster pour savoir quoi faire. J’allais prendre à manger dans le frigo et le disposais dans le couloir, j'allais nourrir le fantôme pour lui subtiliser ma chaussette.
- Viens petit fantôme, viens manger le bon poisson, lui dis-je.
J'avais sorti un poisson entamé de la veille, un saumon je crois. L'odeur était forte, cela allait fatalement l'attirer. J'aperçus alors ma chaussette faire volteface, le fantôme avait flairé l'appât.
Ma chaussette revint comme possédée dans ma direction et je me jetais en avant pour la récupérer au vol quand mon front heurta dans la douleur la porte du placard que j'avais négligemment esquivée à l'aller.
J'émergeai le lendemain matin, une belle bosse sur le front et mon chat entre les jambes. A l'une de ses griffes, ma chaussette était accrochée par un fil qu'il avait dû tirer lors de son rituel du couché.
Le poisson avait disparu et mon chat, lui, était repus. J'avais retrouvé ma chaussette ainsi que mon fantôme et ce matin-là, je pris une grande décision.
J'allais arrêter l'alcool.
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