Chapitre 5

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Theos fronça les sourcils alors que le soldat face à lui se mettait en position, genoux fléchis, ces bras souples gardés le long du corps. Sa garde était parfaite, incisive. Chaque partie de son corps était prête au combat, et même le plus petit de ses orteils semblait en alerte.

Attaquer sans réfléchir face à cet être rompu à tous types de combats serait une erreur. Il n’avait aucune chance, ni sur le plan physique, ni sur le plan technique. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était tenter de le surprendre, user de la ruse la plus fine et la plus déconcertante, qui pourrait lui faire gagner ne serait-ce qu’un dixième de seconde.

Il examina le corps de Calhan, ses pectoraux puissants, ses bras où couraient des veines dans lesquelles devait pulser un sang fort au gout entêtant, ses jambes galbées.

-Je n’ai pas le droit à une arme ? Demanda-t-il en haussant un sourcil vers les couteaux qui ornaient la ceinture de Calhan.

-Tu es moins bête que je ne l’aurais cru, sourit-il. Tu as bien le droit d’en avoir une, regarde au creux de ce tronc d’arbre.

Theos se tourna, gardant un oeil sur le garde qui ne faisait pas mine d’attaquer, et haussa à nouveau un sourcil en voyant le tronc fendu de l’arbre, dans lequel se trouvaient des lances, des flèches, plusieurs coutelas et tous types d’épées.

-Je peux choisir l’arme que je souhaite ?

-Oui.

Calhan sourit, ce petit Prétendant était différent de la plupart des jeunes qu’il avait affronté. Habituellement, les jeunes gens peu expérimentés étaient soit complètement terrorisés à l’idée de devoir l’affronter, soit insouciants, l’attaquant sans réfléchir. Dans tous les cas, il leur avait réglé leur compte en seulement quelques minutes. Et les regards salaces qu’il lançait aux plus aguerris les déstabilisaient assez pour les vaincre eux aussi.

Il allait tester sa force, sa ruse mais également son dévouement envers Nah’Skaar. S’il cédait à ses avances ou tentait de le soudoyer de son corps, alors il perdrait.

Theos ne réfléchit pas longtemps et s’empara de la lance, faisant sourire Calhan. Mauvais choix, commenta-t-il pour lui même. Il n’est pas aussi intelligent que je le pensais.

La longueur de l’arme était bien trop encombrante lors d’un corps à corps. Elle le gênerait et l’empêcherait d’utiliser toute sa vitesse. Même les combattants les plus doués n’oseraient pas utiliser cette arme en combat rapproché.

Theos caressa le bois de la lance, testant sa douceur. Il appréciait cette arme, qui lui permettait d’utiliser son corps exactement comme il le souhaitait. Il n’avait pas voulu s’entrainer à l’épée ou aux armes de poings, pour éviter des cales sur ses mains délicates qui auraient pu le disqualifier dès la première épreuve. Il avait préféré mettre à profil une toute autre partie de son corps.

Ses jambes.

Il se tourna vers le soldat d’un coup, tentant de le surprendre avant de s’élancer brusquement vers lui, lance en avant, poussant sur ses muscles pour prendre le plus de vitesse possible. Calhan se mit en position, un petit sourire paresseux sur les lèvres, détrompé par son regard vif et plissé qui analysait chacun des mouvements de son assaillant.

Foncer vers lui sans aucune stratégie. Oui, il l’avait bien surestimé…

Mais soudainement, quelque chose passa dans le regard du blond, un éclair d’intelligence et d’adresse, et alors qu’il arrivait à grand vitesse sur lui, Theos planta sa lance dans le sol, sautant en s’appuyant dessus, et vint écraser ses pieds dans le visage de Calhan, qui fut projeté à terre, totalement pris au dépourvu.

Theos, qui avait prévu exactement ce qu’il venait de se passer, fonça sur lui pour le maintenir entre ses cuisses puissantes, s’asseyant sur lui pour l’écraser de tout son poids et maintenant la lance sous sa gorge pour le garder à terre. Calhan lui jeta un regard surpris et fit jouer ses muscles pour se libérer. Mais Theos avait passé des heures et des heures à muscler ses jambes, et il avait confiance en ses capacités. Il réagit en appuyant plus fort sur la gorge du garde, tentant de l’étouffer, mais les mains du soldat tenaient fermement sa lance, l’empêchant d’atteindre sa gorge.

-Jolie vue, sourit Calhan en regardant ses cuisses ouvertes autour de son torse.

En effet, dans cette position, la tunique de voiles blancs qu’il portait laissait son aine à l’air libre, soumise au regard impétueux du soldat.

Theos rougit violemment, grimaça, et relâcha sa garde une seconde. Assez pour permettre à Calhan de nouer ses muscles et de le soulever un instant vers le haut avant de le renverser sous lui d’un coup de hanche puissant, comme il l’aurait fait avec un amant.

Theos se retrouvait donc à terre, sur le dos, le soldat entre ses jambes, dans une position des plus suggestives.

-Tu as réussi à me surprendre mais ça n’arrivera plus, sourit Calhan en agrippant sa lance pour tenter de l’étouffer à son tour.

Theos gémit sous la force qui l’obligeait petit à petit à plier les bras. Il réfléchissait à toute vitesse, examinant les options qu’il avait. Il n’avait plus beaucoup de temps...

Il choisit la seule idée à peu près plausible qui lui vint à l’esprit. Posant ses pieds sur les cuisses du soldat à quatre pattes au-dessus de lui, il poussa sur ses jambes et s’échappa d’un coup de son emprise. Il se releva d’un bond, le cœur battant les cheveux en bataille, et n’attendit pas une seule seconde de plus pour sauter sur le dos de Calhan comme un sauvage, nouant ses cuisses blanches autour de son cou épais.

-Je me fiche que la vue soit belle, siffla-t-il, venimeux, mon corps n’appartient qu’à Nah’Skaar !

Calhan grogna, agrippant ses cuisses, tentant de les écarter de sa gorge. Theos saisit ses cheveux, tirant violemment dessus, cherchant toute opportunité pour l’empêcher d’agir.

Calhan se redressa sur les genoux en grondant, et Theos faillit être désarçonné alors qu’il les faisait tomber tous les deux sur le dos. Le bras du soldat vint agripper le haut de sa tunique alors qu’il se débattait comme un beau diable pour lui faire lâcher prise. Theos se courba pour la mordre violemment. Le sang emplit sa bouche d’un gout cuivré et il cracha.

Les deux hommes poussaient des grondements de douleurs et des grognements étouffés, comme des animaux enragés. Ils mettaient toute leur force en action, leurs muscles se contractaient, leurs corps se couvraient de sueur alors qu’ils se mouvaient au même rythme, au même souffle.

Qui serait le vainqueur de cette lutte ?

Theos fatiguait. Ses muscles commençaient à trembler. Le sang battait dans ses veines, rougissant sa peau. Haletant, il aspirait l’air comme un fou, pour tenter de gagner quelques gouttes d’énergie, pour tenir. Quelques minutes, quelques secondes seulement. Il devait tenir.

La poigne de Calhan sur ses cuisses se fit moins ferme. Le soldat n’arrivait plus à happer l’air. Il allait perdre, réalisa-t-il alors que l’oxygène lui manquait cruellement. Alors, dans un grondement impétueux, refusant un instant encore de s’avouer vaincu, il tapota gentiment une des cuisses blanches qui l’étouffait, en signe de reddition, et Theos relâcha ses muscles, tremblant, épuisé d'avoir contracté tout son corps aussi longtemps.

Calhan roula sur le coté pour ne plus l’écraser et toussa un peu.

-Bravo, je ne m’attendais pas à ça, sourit-il en se massant la gorge.

Theos tourna son regard turquoise vers lui.

-J’ai réussi l’épreuve ?

C’était tout ce qui lui importait vraiment.

-Oui, acquiesça Calhan. Tu peux tenter de résoudre l’énigme.

Ils reprirent leurs souffles sans bouger encore quelques minutes puis Calhan se leva et épousseta sa tunique.

-Bien, je te souhaite bon courage.

Theos lui jeta un regard à la fois reconnaissant et méfiant avant de se relever lui aussi. Ses jambes tremblaient encore un peu, mais il tint bon. Il devait tenir bon. Il s approcha du lac et récupéra le parchemin qui flottait à la surface. L’énigme brillait toujours sur le parchemin.

« Bijoux bleu dans l’abime des cieux inversés,

Seule lumière de la forêt des profondeurs,

De tes yeux je suis dissimulé.

Arme toi de courage.

Pourras-tu me trouver ? »

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