Chapitre 10
-Theos ! Theos !
Dirriel le secouait pour qu’il se réveille. Il l’avait trouvé recroquevillé au pied de la porte d’opaline, fiévreux de douleur, gémissant le nom de Nah’Skaar. Lorsqu’il s’était réveillé et qu’il avait vu son lit vide et froid, il avait paniqué. Heureusement il l’avait rapidement trouvé. Theos ouvrit enfin les yeux et Dirriel soupira de soulagement.
Il caressa sa joue et le prit dans ses bras pour qu’il ne repose pas sur le sol froid du couloir.
-Pourquoi tu ne m’as pas réveillé ?
Theos ne répondit pas, trop occupé à tenter de faire cesser la douleur infernale entre ses reins. Son corps était écartelé autour de l’oeuf. Il était plein, et lourd, Theos pouvait distinctement le sentir, bien protégé entre ses chairs.
-Essaie de te lever, il faut rejoindre la salle de ponte.
Theos gémit. Il ne savait pas s’il allait en avoir la force. Il regarda autour de lui. Avait-il rêvé la présence du tentacule de Nah’Skaar ? Non, il pouvait encore sentir sa douceur sur sa peau, la chaleur de son étreinte, et le réconfort qu’il avait ressenti uniquement à la vision de son appendice. Il n’arrivait pas à croire qu’il soit vraiment venu le réconforter, s’occuper de son corps jusqu’à ce qu’il puisse s’endormir…
Mais à cet instant, la douleur était plus forte que jamais, et tous ses muscles semblaient anesthésiés, comme si son corps était si focalisé sur cette intrusion qu’il n’était plus capable de faire autre chose.
-Allez Theos, je sais que tu en es capable. Tu ne veux pas échouer n’est ce pas ?
Il écarquilla les yeux. C’est vrai. Il ne pouvait pas perdre. Il fronça les sourcils et appuya sa main contre le sol, pour se redresser en grognant. Dirriel le soutint bravement et il réussit à se lever, tremblant sur ses jambes.
Il grimaça, crispa sa main sur son ventre, et se mit à marcher.
-C’est normal que ce soit dur, ne t’en fais pas. L’oeuf cherche à se connecter à tes muscles pour déclencher les contractions, donc tu vas avoir du mal à les utiliser comme tu le souhaites… Les contractions vont être douloureuses mais une fois qu’elles auront commencé, l’oeuf pourra être expulsé assez rapidement.
Theos hocha la tête et continua à avancer. Chaque pas le tiraillait, comme si l’oeuf tordait ses chairs à chaque mouvement. A la fin, Dirriel le tirait presque, l’empêchant de tomber et le poussant vers l’avant, pour qu’il continue à marcher malgré le manque de force que Theos ressentait.
Lorsqu’il arriva enfin à la salle de ponte, il était épuisé, couvert de sueur, et tomba sur la chaise spéciale plus qu’il ne s’y assit. Le Grand Maitre arriva dans la pièce, le regard inquiet.
-Il supporte mal l’oeuf ?
-Pour l’instant il n’y a rien d’inquiétant, répondit Dirriel en plaçant les jambes de Theos vers le haut, largement écartées.
Le petit blond fixait le plafond, tentant de ne pas penser à la douleur et aux contractions qui allaient suivre.
-Attache le quand même, on ne sait jamais, il pourrait se blesser.
Le Dévoué hocha la tête et ramena les bras de Theos vers le haut, délicatement, pour les attacher au dessus de sa tête. Le Prétendant se laissa manipuler comme une poupée de chiffon.
Le Grand Maitre se trouvait entre ses jambes, qu’il venait d’attacher aussi. Il touchait doucement son ventre gonflé.
-L’oeuf est bien dur. Nous pouvons déclencher les contractions.
Dirriel hocha la tête et s’approcha avec une petite épingle très fine, de couleur verte et au bout rond.
-C’est une épine de Gouane, sourit le Grand Maitre en caressant les cuisses de Theos. Tu vas ressentir une très légère décharge, qui va permettre à l’oeuf de Cayouda de se connecter complètement à tes muscles.
Theos hocha la tête, il n’était plus capable de réfléchir clairement. Tout son esprit était focalisé sur l’oeuf. Dirriel pris la place du Grand Maitre, et rentra rapidement l’épine à l’intérieur de lui après l’avoir lubrifié avec deux doigts. Il ne la sentit presque pas, trop concentré sur l’oeuf, et réagis à peine à la décharge lorsque l’épine toucha l’oeuf.
Il sentit les muscles du bas de son dos se crisper et gémis. Son ventre devint un amas de muscles contractés et il prit plusieurs inspirations rapides.
-C’est bon, le travail commence, respire bien Theos.
Les contractions étaient puissantes et douloureuses, et pourtant Theos n’avait pas du tout l’impression que l’oeuf à l’intérieur de lui bougeait.
Dirriel dilatait son anus entre ses jambes, tirant sur sa chair souple.
-C’est bon, je le vois.
Il pouvait à présent glisser une main entière à l’intérieur du petit blond. Theos n’était plus que gémissements. Les larmes roulaient sur ses joues que le Grand Maitre caressait gentiment, lui prodiguant des encouragements à voix basse.
Le Prétendant avait perdu le fil du temps, complètement débordé par les sensations, perdus dans des méandres de douleur, et d’une sensation inexplicable. Il était en train de donner la vie, comme une femme… L’oeuf qui s’était développé en son sein allait rejoindre le monde du dehors et continuer sa vie sans lui… Il en ressentait une vague nostalgie, alors qu’il ne l’avait porté qu’une nuit.
-Il progresse bien Theos, continue comme ça.
Il était à présent tout au bord de son anus. Dirriel le maintenait fermement pour qu’il ne soit pas expulsé d’un coup, ce qui léserait les muscles, et pourrait le déchirer. Il fallait une sortie lente et progressive, pour ne pas brusquer le corps déjà assez malmené par cette couve brutale.
Theos pleura, cria, gémit, perdu dans un océan de douleur, incapable de songer à quoi que ce soit d’autre que l’intrusion énorme entre ses cuisses qui tirait sur ses chairs jusqu’à la rupture, aux doigts de Dirriel qui massait sa peau tendue et douloureuse, au lubrifiant qui coulait entre ses cuisses…
Et enfin, l’oeuf passa complètement la barrière de sa peau, libérant Theos dans un cri étranglé. Dirriel le récupéra dans un linge doux. Il l’essuya lentement, alors que le blond reprenait lentement son souffle, sans vraiment croire à ce qu’il venait de vivre. Son corps tremblait encore, et ses yeux étaient légèrement vitreux. Pourtant, lorsque Dirriel posa l’oeuf sur son ventre pour qu’il puisse le voir et le toucher, il se sentait bien, accompli, satisfait.
Il posa les mains sur l’oeuf. Il était vraiment gros, très lourd et chaud, pesant sur son ventre. Il était toujours d’un violet lumineux, parcouru de veines bleues, mais sa paroi était légèrement transparente, laissant entrapercevoir une forme mouvante dans un liquide épais.
Theos retint son souffle. Il n’arrivait pas à croire que cette petite chose ait grandit si vite, à l’intérieur de son corps, simplement en se nourrissant de sa chaleur… Dirriel le lava rapidement, le débarrassant de sa sueur, et dû contrôler qu’il n’avait aucune lésions internes et externes.
-Pour vérifier que tu n’as pas été déchiré à l’intérieur, je vais te placer un phallus recouvert de laine. Il est très fin donc tu ne le sentiras presque pas.
Il lui plaça rapidement, et le corps de Theos n’offrit aucune résistance, parfaitement dilaté par le passage de l’oeuf.
Le Grand Maitre récupéra l’oeuf de Cayouda et Theos s’endormit, comme s’il avait simplement attendu que l’oeuf soit à l’abris avant de cesser de lutter.
Il se réveilla quelques heures plus tard, couvert d’une longue couverture moelleuse qui diffusait une douce chaleur dans son corps endolori, émergeant doucement dans l’humidité agréable de la pièce. Dirriel se trouvait à ses côtés, caressant doucement ses cheveux.
-Comment tu te sens ?
Theos prit le temps d’analyser son corps, de ressentir chacun de ses membres. Ses muscles le lançaient encore, mais il se sentait bien moins épuisé.
-Un peu mieux.
-Parfait, je t’ai enlevé le phallus et tu n’as qu’une petite déchirure, je t’ai appliqué du baume cicatrisant.
-Est ce que… j’ai réussi l’épreuve ?
-Tu l’as réussi. Il ne reste plus que toi et Temeos. Les Grands Prêtres sont en train de délibérer pour savoir qui de vous sera le Prétendant de Nah’Skaar.
Theos hocha la tête et ferma à nouveau les yeux, épuisé. Il s’endormit sans s’en rendre compte.
Lorsqu’il se réveilla pour la deuxième fois, encore un peu groggy mais l’esprit clair, le Grand Maitre était là, mais Dirriel avait disparu.
-Vous avez… finit de délibérer ? S’enquit Theos immédiatement, à la fois effrayé et impatient.
-Oui.
Son coeur se mit à battre plus fort. Avait il été choisi ? Il ferma les yeux. Fort. Priant et suppliant de tout son coeur de devenir le Prétendant de Nah’Skaar. Il devait avoir été choisi. Ce n’était pas possible autrement.
Le temps sembla s’étirer à l’infini, son coeur battait vite, un long frisson dévala son corps tremblant d’impatience, et le Grand Maitre prit enfin la parole.
-Nous avons choisi Temeos. C’est lui, qui sera le Prétendant de Nah’Skaar.
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