La fourrure & le cuir
Ils montaient, tout là-haut, décimer les collines
La mâchoire cubique et os lourd, muscle gros,
La crinière tressée jusqu’au milieu du dos,
Une hache à la main, dans l’autre un javelot
Et pour toute parure : la fourrure, le cuir.
Ça hurlait, ça cognait, plus bruyants que tambours,
Des aurores aux aurores et par dessus les bourgs,
Loin du regard des femmes, sous les ailes du vautour,
– De la hanche à la nuque : le cuir. la fourrure.
Puis à l’heure des marmites, en cortège épuisé,
Descendaient les versants de leur mont saccagé
Où le silence offrait un cadavre éventré.
Après sang, après cuirs, étendus aux fourrures
Les enfants s’endormaient sur des contes d’ancêtre
Racontant que les mères et les pères virent naître
L’homme premier du nord du côté de Hugleikr :
L’oncle du grand Beowulf – « le front ceint par le cuir »,
Le silex, la fourrure, du zénith au nadir
Et on raconte encore – des dragons, des géants...
Tant et tant qu’à la lune ronde tous ronflent quand
Les flots battent aux mâts du Snekkar sur le flanc.
Demain se dresseront sa voilure carrée,
& les cris et les mains saisissant l'aviron,
Tous partis pour frapper le rival pour de bon
À la tranche forgée, ou de fer ou d'acier,
Mieux que les sacrifiés gisant sur les collines.
©Sur un songe - 2019/2023
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