L’affaire de la ratte au court-bouillon. Chapitre 5.
Violi, nous raconte son retour mouvementé à la maison, une humaine, une nouvelle employée qu’il ne connaissait pas l’avait vu sur le container, et attendait qu’il revienne pour lui faire sa fête. Il avait réchappé de justesse à un premier coup de balai, mais son esquive lui avait fait infléchir sa course, et il avait fini dans une flaque plus profonde que ce qu’il pensait. Alors qu’il buvait la tasse, le balai de l’humaine s'est abattu sur la petite mare, créant un tsunami qui a éjecté Violi dans les airs. Le troisième coup de balai le percuta quand il était encore en suspension, comme s’il n’était qu’une balle de tennis. Il ne dut la vie sauve qu’à la mousse qui recouvrait le bas de l’encadrement d’une porte. Sur ses pattes en un rien de temps, il a échappé à la mégère qui approchait en s’engouffrant par la porte qui était restée ouverte. Il s’en était fallu d’un poil de moustache que l’humaine ne l’attrape…
Alors qui nous mime l’humaine tenant son balai, Violi, pris d’une soudaine convulsion, s’effondre d’un coup. Ses mains crispées sur son museau laissent penser au pire, et Suzie, dont la voix laisse pointer un peu de panique, s’approche de lui en criant son nom.
– Mr Violi, que vous arrive-t-il ?… Il est mort… Non, ce n’est pas possible, pas lui.
– Merde, le rat nous a fait une crise cardiaque, faut lui faire du museau à museau… Qui s’y colle ?
– Tais-toi Jo, et toi Suzie, va chercher un susucre… Le rat est à bout de souffle, c’est tout.
– T’es sûr Ralph ?
– Ouais, t’inquiètes Suzie, ce n’est rien.
– Ouais, t’inquiètes Suzie, Ralph va le rat fistolé, ah ah ah, j’suis trop drôle…
– T’es surtout lourd pour une puce Jo… mais c’est vrai, t’es rigolo, ah ah ah.
Suzie revient avec un carré de susucre et le pose devant le museau de Violi. L’effet est immédiat, les narines du rat s’agitent, puis un bout de langue sort de sa bouche et vient lécher la confiserie. Requinqué, Violi reste assis le regard dans le vide.
– Je pensais que ma Tiche serait dans le container… Après, je l’ai cherché partout, dans toute la maison, même dans les égouts. J’ai demandé à d’autres rats s’ils ne l’avaient pas vu, j’ai aussi lancé un appel au rat Dio qui est à l’écoute et qui sait tout, mais rien. Je suis désespéré, vous êtes mon seul espoir Mr Ralph.
– Il est complètement à la rat masse le rat Violi, si personne n’a vu Tiche, comment veut-il qu’on la retrouve nous ?
– Jo…
– Ouais Ralph.
– Ta gueule… Mr Violi, je peux vous poser quelques questions ?
– Faites…
– C’est juste pour en avoir le cœur net Mr Violi, mais entre vous deux, tout se passait bien ces derniers temps ? Votre Tiche n’avait pas des envies d’aller voir ailleurs ? Ou peut-être vous ?
– Ralph, j’ t’ai déjà dit que…
– Écoute princesse, ce n’est pas à toi que je pose la question, mais à Violi.
– Je vous assure que tout allait bien entre nous Mr Ralph, ma Tiche et moi nous nous aimons et il ne nous serait jamais venu à l’idée d’aller frayer ailleurs… Je…
– Oui Mr Violi…
– J’y pense maintenant, il y a bien ce ragondin qui lui faisait du gringue… il tient la gargote du rat goûtant, un endroit sordide… comment il s’appelle déjà… Gon… Gan…
– Gamuffin.
– Vous le connaissez Mr Ralph ?
– Mouais… son vrai nom c’est Ragamuffin. J’ai déjà eu affaire à lui quand il était encore un chat. J’avais entendu dire qu’il s’était fait opérer, mais de là à devenir un ragondin… Merde, j’y pense, sûr que cet enfoiré s’est fait charcuter pour pouvoir passer incognito… et pour pouvoir se remplir la panse en grignotant les souris qui grouillent dans sa gargote.
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