L’affaire de la ratte au court-bouillon. Chapitre 14.

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On attend trempé comme des soupes depuis une bonne heure maintenant. Merde, Raymond le pigeon a dû avoir un problème, pourvu qu’il ne se soit pas crashé. Je pense au pire quand il arrive enfin, il se pose sur un banc, s’ébroue à la façon d’un clebs, enlève ses lunettes de vol et dit :

– C’est bon Ralph, ça pas été facile, mais j’les ai trouvés. Ils sont quelques rues plus loin, j’dirais qu'ils sont une dizaine, y en a un habillé comme s’il allait à l’église et un autre beaucoup plus gros déguisé en gondin. Sûrement celui dont tu me parlais. Il tenait attaché à une corde un autre rat, peut-être la prisonnière. J’ai pas pu trop me rapprocher pour ne pas me faire repérer.

– C’est super Raymond, t’es un as de l’aviation. Tu peux nous guider jusqu’à eux ?

– Ouais, pas de problème, mais je vais avoir besoin de faire le plein de kérosène… Je risque de vous lâcher en plein vol.

– On te suit Raymond, pas de temps à perdre.

En trois coups d’ailes, le Raymond nous a guidés jusqu’à un angle de rue d’où on pouvait les voir.

– Regarde Ralph, ils sont bien organisés, on dirait un ballet de petits rats, ah ah ah.

– T’es con Jo, con mais rigolo, ah ah ah.

– Qu’est-ce qu’on fait Ralph ?

– Toi Suzie, tu fais le tour du pâté de maison pour te retrouver dans leur dos. Ne perds pas de vue le Gamuffin, faut pas qu’il nous échappe.

– OK Ralph, j’y vais.

– Jo, t’as une idée pour venir à bout de tout ces ratas ?

– Non pas vraiment. Mes troupes sont fatiguées, va falloir se démerder tous seul.

– On fonce dans le tas ?

– Yep mon Ralphounet, comme la cavalerie. Si tu veux, je fais le clairon…

– OK mon Jo.

– TATARITARITATAAA, TATARITARITATAAAA, YEAAAH…

– Putain Jo, gueule pas aussi fort tu vas me crever les tympans.

– Fonce mon Ralph, pas de quartier. Sus au rat…

Dans mon sillage, je n’ai laissé que des rats morts.

Coup patte à droite, coup patte à gauche, le Ralph il a cogné, le rat il a crevé…

– Ralph, mate à droite, y a le Violi sur le dos du Gamuffin, ils s’font la belle.

– Merde, ils vont se tirer… Où est Suzie ?

– Elle arrive à fond la caisse, elle les prend à revers, ils vont se retrouver coincés. Vas-y…

En trois enjambées je suis sur eux, je leur bloque le passage, tandis que Suzie les empêche de faire demi-tour. Crocs dehors, elle grogne tout ce qu’elle sait.

– Arrête-toi Gamuffin, t’es fais comme un rat…

– Miao… frrrttt… pousse-toi le clebs, ou je tranche la ratte, un coup de griffe et je la rat courcie.

– T’as aucune chance de nous échapper Ragamuffin, laisse partir la Tiche, et je serai clément.

– Gamuffin, laisser ma femme tranquille, c’est un ordre.

– Ferme ta gueule Violi, c’est pas un rat qui vas commander un ancien chat. Ta Tiche, j’vais en faire qu’une bouchée.

C’est pile poil à ce moment-là que les ratiches de Suzie s’enfoncent dans l’arrière-train de Gamuffin.

– MIAAAAOUUUUUUU…

Sous le choc, le chat-ragondin lâche la Tiche et projette Violi dans les airs, il se rat masse juste à côté de moi. Jo et sa clique s’occupe de lui, en deux coups de cuillères à pot, le rat se retrouve à poil, jambes et bras ligotés par une chaîne de puces. Gamuffin, lui, après avoir repris ses esprits et se voyant cerné, se met à genoux et implore ma pitié.

– Miaoooo, frrtt… Ralph, ne me fait pas de mal… en souvenir de notre vieille amitié.

– Que dalle Gamuffin, au contraire, je vais te livrer aux familles des rats que t’as réduit en court-bouillon, ça m’étonnerait qu’elles apprécient quand elles vont savoir ce que tu as fait de leurs morts.

– Miaoooo… Je n’y suis pour rien, je ne suis qu’un receleur, le responsable c’est le Violi. C’est lui qui a tout manigancé depuis le début. Il fournissait les cadavres de rats à l’employée de maison qui les cuisinaient pour les donner à manger aux humains qui habitent la maison.

– Quoi !! Mes maîtres mangeaient du rat crevé ?

– Miao…frrrtt… Qu’est-ce que tu crois la chienne, et toi aussi…

– Aaaaah, je m’évanouis…

– Reprends-toi Suzie, je crois qu’on est pas au bout de nos surprises. Gamuffin, pourquoi elle faisait ça l’employée ?

– Avec l’argent qu’elle économisait sur les provisions, elle a amassé une petite fortune et ça lui a permis de quitter son emploi. Le surplus, elle le refourguait à Violi qui le conditionnait et le vendait dans plusieurs magasins de la ville. Les boites portaient la mention « rat tion, un concentré d’énergie à réveiller les morts ». Ça se vendait comme des petits pains…

– Et c’est quand l’employée est partie que tout à commencer à merder alors…

– Miaooo, frrt… Ben ouais, Violi ne savait plus quoi faire des cadavres que lui amenaient ses fossoyeurs, et la nouvelle employée avait la frousse des rats. Alors il a pensé que Tiche pouvait les cuisiner.

– Mais…

– Mais elle n’a pas voulu, elle était même à deux doigts de tout dire à la Suzie. Violi c’est énervé et l’a enfermée dans une chambre secrète. Si cette chienne n’était pas venue te trouver…

J’ai pas pu retenir Suzie, elle s’est jeté sur le chat-ragondin et l'a réduit en chat rpie. La fausse queue du gondin, le faux museau, la fausse enveloppe, tous c’est retrouvé éparpillé… fin de partie pour Ragamuffin.

Voilà, l’histoire de la ratte au court-bouillon est enfin résolu, une fois de plus, j’ai réussi… bon j’étais pas tout seul, faut bien que je rende hommage à Jo, sinon il va me faire une crise du logement, et aussi à ses girls et à leur dévouement. Elles y ont laissé pas mal des leurs, mais Jo, en bon père de famille, a déjà repeuplé ma toison, il en a profité pour peupler celle de Suzie aussi, et je te laisse deviner comment… ;-) Sacré chienne, elle vit avec moi désormais, avec nous devrais-je dire, elle est partie de la maison bourgeoise et se dit très heureuse de partager mon bout de carton. On s’fait de ces parties d’jambe en l’air, j’te dis pas…

J’suis sûr que tu te demandes ce qu’il est advenu de Violi, hein ?

Ben la Tiche s’en est occupé elle-même, c’est lui maintenant qui fait la bouffe, la vaisselle, le ménage, et il a pas intérêt de moufter. Quant à elle, elle va tous les jours aux courses encourager son rat Pide, et elle gagne pas mal il paraît.


J'aime les plans sans accrocs Tiche

Fin

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