Chapitre 7 - Assistante
Elizabeth
Mon premier jour de travail avec Timothy Grayson commence aujourd’hui. Après mon dernier cours de seize heures, je rejoins son bureau tout en serrant contre ma poitrine un bouquin de mathématique.
Même avec les encouragements de Cassidy, je ne parviens pas à chasser la boule qui serre mon estomac. Mes talons claquent contre le parquet ciré et je remonte mon jean sur mes hanches avant de frapper. Je n’entends pas de réponses et lorsque je tends l’oreille, seul le silence me répond.
Je regarde autour de moi pour vérifier que personne ne me voit mais le couloir des professeurs est désert. Je prends alors la clé dans mon sac puis je l’utilise pour ouvrir la porte.
Je constate que le professeur a mis de l’ordre dans son bureau. L’étagère comprend désormais une multitude de livres et de classeurs rangés par ordre alphabétique d’après ce que je vois. Il y a un vieux canapé en cuir contre un mur accompagné d’une table basse. Le petit salon comporte aussi un tapis persan ainsi qu’une lampe à pied. Sur son bureau trône un saladier contenant des pommes ainsi qu’un sous-main en cuir. Mais à part quelques stylos uniformes, il n’y a aucune photo ni autres objets personnels. Je constate également l’apparition d’un petit bureau avec une chaise dans un coin de la pièce près de l’une des étagères.
Je dépose mon sac sur la table qui m’est destinée puis je m’approche de la fenêtre. Les stores d’intérieurs sont baissés à moitié mais je parviens à admirer la vue sur le parc de Cambridge.
Je n’ai pas le temps de me perdre dans ma contemplation car j’entends la porte s’ouvrir dans un grincement qui me fait sursauter. Grayson pose la mallette sur son bureau puis m’invite à rejoindre ma chaise.
- Mademoiselle Davinson, commence-t-il avec son éternel ton sévère. Voici un espace pour vous sur cette étagère. Vous pourrez ranger vos recherches et certains ouvrages ici.
- Bien professeur, je couine en baissant les yeux et en serrant mon sac contre moi.
Voyant que Grayson ne poursuit pas, je relève la tête dans sa direction. Ses yeux luisant me scrutent avec intensité et je suis immédiatement mal à l’aise. Le professeur détourne brusquement le regard vers l’ordinateur portable qu’il vient de poser sur son bureau.
- Je compte écrire mon prochain livre sur la physique dans l’astronomie, décrète-t-il. C’est un livre d’astronomie pour les étudiants en master avec tout ce qu’ils doivent savoir.
- Je ne m’y connais pas en astronomie professeur, j’interviens.
- Ne vous inquiétez pas, vous vous préoccuperez surtout de la partie calcul. Pour être honnête, j’ai plus confiance en vous dans ce domaine qu’en mon correcteur. A ce niveau-là, je ne veux pas qu’il n’y ait de fautes.
- Merci de me faire confiance professeur, je prononce avec timidité.
- J’ai commencé à écrire le premier chapitre, explique Grayson. Il concerne le calcul de la masse, de la densité et de la distance de chaque planète du système solaire. J’aimerais que vous vérifiiez et regardiez les opérations.
Le professeur se penche vers moi pour me donner une pochette qui doit contenir une vingtaine de pages. A la vue de ses calculs, n’importe quel étudiant partirait en courant.
- Je sais que ce n’est pas facile mais je vous laisse du temps pour vous habituer aux calculs, complète-t-il. Une fois que vous aurez compris comment cela fonctionne, vous pourrez corriger et même faire les calculs de démonstration. C’est tellement technique que je tiens à ce que les futurs étudiants comprennent les chapitres même si je dois détailler toutes les opérations en vingt pages.
J’acquiesce puis je me tourne vers les feuilles. Les calculs ont l’air vraiment compliqués mais si le professeur a confiance en moi pour faire cela alors c’est que je peux y arriver. J’expire brusquement puis je commence à étudier tous cela. J’ai intérêt à ne pas faire de gaffes si je ne veux pas mettre en colère cet homme perfectionniste.
J’entends le professeur croquer dans une pomme et je sursaute brusquement en levant la tête dans sa direction.
- Prenez une pomme mademoiselle Davinson, me propose-t-il en croisant mon regard.
- Non merci professeur, je refuse en me replongeant dans mes calculs.
Je comprends de mieux en mieux ses opérations très compliquées mais posées par Grayson. Je commence à regagner confiance en moi et en mes capacités de travail.
- Bien ! s’exclame le professeur. Il est l’heure d’y aller.
Je relève la tête en clignant des yeux. A force de fixer les papiers, ma vue est devenue trouble. Ensuite, je regarde ma montre pour constater avec étonnement que cela fait déjà deux heures que nous sommes ici.
Je commence à ranger mes affaires puis je pose la pochette sur le côté d’étagère qui m’est destiné. Je me lève puis je me dirige vers la porte en même temps que Grayson. Je le laisse fermer à double tours puis je tourne les talons après lui avoir dit au revoir.
Il est dix-neuf heures et le soleil termine de se coucher derrière les immeubles de Cambridge. Les lampadaires illuminent la rue et j’arrive tranquillement dans ma résidence.
Je commence à avoir faim et après une bonne douche, je sors du riz de ma cuisine. Etant donné que je fais très attention au budget, je suis obligée de limiter mes dépenses. Même avec les bourses cela peine à me suffire. Je mange souvent la même chose c’est-à-dire beaucoup de légumes et de féculent. Ma mère ne sait pas que je me prive autant sinon elle m’obligerait à rentrer à la maison pour me gaver comme une oie.
J’ai mélangé du riz avec des petits pois et des haricots rouges en conserve. Je mange en silence lorsque les vibrations de mon téléphone retentissent. Evidemment, Cassidy ne m’oublie pas et me pose une tonne de question sur mon premier jour de travail avec Grayson. Comme à mon habitude, je fais durer le suspens jusqu’à se qu’on se voit à l’université.
Après avoir terminé de manger, je fais la vaisselle puis je me pose devant mon bureau pour travailler mes cours. Si je prends du retard, je ne pourrais pas faire une pause dimanche. Il est clair que c’est mauvais même pour les personnes dotées d’un QI supérieur de ne pas faire de coupures. Je ne tiens pas à ce que mon cerveau prenne une surcharge au début de l’année.
Mes yeux commencent à papillonner au-dessus de mes notes. Je finis par éteindre la lumière puis je pars me coucher aux alentours de minuit. Il ne manquerait plus que je manque de sommeil.
***
Lorsque mon réveil sonne, j’écrase mécaniquement le bouton. Mes yeux ne veulent pas s’ouvrir et je sens que mon corps ne s’est pas encore assez reposé. Je soupire en me levant difficilement de mon lit. Je ne suis pas encore prête à sécher les six heures de cours tout en sachant c’est le dernier jour avant le week-end.
Je prends une douche puis je m’octroie quelques minutes pour me maquiller. Ensuite, je me dirige en vitesse vers mon armoire car la veille, je n’ai pas eu le temps de choisir mes vêtements. J’attrape un jean et une blouse à fleur puis je revêts l’ensemble.
Je me prépare un thé que je bois avec mes biscuits aux graines de pavots. Ensuite, je fais du rangement dans mon sac afin de ne pas avoir trop de choses à l’intérieur. Je finis par revêtir un épais gilet ainsi qu’une paire de bottines en daim pour ne pas avoir froid le matin.
Je m’apprête à partir lorsque je reçois un message de Cassidy. Je dégringole les escaliers car elle vient de me signifier que je devrais déjà être sur le campus. Je n’ai pas anticipé la préparation de mes affaires et je suis maintenant en retard de quelques minutes.
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