Chapitre 9 - Une soirée entre copines
Elizabeth
Comme le week-end dernier, Cassidy vient chez moi pour se préparer avant de sortir. Je suis en tenue décontractée avec les cheveux en bataille lorsqu’elle débarque dans mon studio. J’ai passé toute la journée à travailler.
- Heureusement que je suis là ma chère Lise car tu fais peur à voir, déclare-t-elle en m’ébouriffant les cheveux.
- Merci, ça fait toujours plaisir à entendre, je rétorque en riant.
- Une fois que tu seras passée sous mes doigts de fée, tu deviendras la plus belle femme de la soirée, s’exclame-t-elle en sortant plusieurs trousses de maquillages.
- Tu exagères, je pouffe en prenant une brosse à cheveux.
Cassidy se pose à côté de moi sur le lit puis me prends l’objet des mains. En quelques minutes, elle parvient à les démêler. Mes boucles rousses retombent sur mes épaules et je me sens bien.
- Place au maquillage maintenant !
Mon amie me maquille les yeux avec habileté et lorsque je me regarde dans la glace, je remarque la difficulté de son travail.
- Tu devrais te reconvertir dans le métier, je commente. Tu es vraiment très douée de tes mains pour maquiller les gens.
- Mes parents veulent me voir à Cambridge, pas dans une loge, soupire-t-elle. J’adore faire ça mais je ne dois pas gâcher mon intelligence à de futiles passions.
- On croirait entendre ton père, je soupire.
Cassidy ne réagit pas à ma remarque et me propose un rouge à lèvre couleur grenat.
- Ce n’est pas un peu trop voyant ? je demande.
- Cette couleur fait ressortir ta peau pâle et tes cheveux, réplique-t-elle. Ose un peu pour une fois. Ça va te faire du bien de sortir de ta zone de confort. Ce n’est pas parce que tu as passé ta scolarité dans un pensionnat privée pour fille que tu dois te montrer si prude.
- Tu dis ça parce que tu étais dans un lycée mixte. Tu ne sais pas comment c’est de vivre qu’avec des filles, je souffle.
- Tout ce que je peux te dire c’est que ça manque de mecs dans ces écoles, poursuit-elle en me posant le rouge à lèvres avec minutie. Je ne sais pas comment tu as fait pour supporter toutes les histoires de filles pendant toutes ces années.
- Maintenant que j’y repense, je ne sais pas non plus comment j’ai pu tenir.
J’ai raconté maintes fois à Cassidy ma vie à l’école. J’étais mise à l’écart et je provoquais des jalousies car j’étais toujours première de la classe. Je n’aime pas penser à ce passé douloureux. J’ai vraiment tout fait pour m’adapter dans ce système qui n’était pas fait pour moi car je savais que c’était la seule façon de réussir. Je suis contente que mon passage à l’université marque la fin du chapitre.
- J’ai apporté une robe spécialement pour toi ! s’écrit-elle de bonne humeur. Mais promet moi de l’essayer avant de dire que tu n’aime pas.
- Ok je te le jure.
Si je refuse de porter sa robe, Cassidy serait capable de rester des heures sur mon lit avant que je dise oui. Cette fan de mode aime beaucoup créer des tenues pour moi. Elle possède d’ailleurs une tonne de vêtements dans son immense dressing.
- Il faut que tu portes ça pour aller avec, m’indique mon amie en me tendant un soutien-gorge push up sans bretelles.
Je grimace mais je prends quand même le sous vêtement avec la robe noire pour faire plaisir à Cassidy. Lorsque je sors de la salle de bain, je ne me suis pas encore vu dans mon grand miroir.
- C’est parfait ! s’enthousiasme-t-elle. Il faut que tu mettes ta poitrine en valeur Lise.
A ces mots, je me retourne subitement vers le miroir. La robe noire est longue et fendue sur le côté. Le bustier met en valeur ma poitrine comme me l’a indiqué mon amie.
- Je ne peux pas porter cela Cass, c’est beaucoup trop sexy ! je refuse offusquée.
- C’est important que tu te sentes sexy, explique Cassidy. Je t’en prie, accepte de porter cette robe pour moi. Elle n’est absolument pas vulgaire !
Après que mon amie a tenté de me convaincre durant cinq bonnes minutes je finis par accepter.
- Génial ! Maintenant je te propose la touche finale.
Cassidy me donne une poche fermée par un ruban.
- Ce n’est pas mon anniversaire, je déclare étonnée.
- Tu peux le prendre comme un cadeau d’amitié, décrète-t-elle.
Mon amie semble tellement heureuse que je ne veux pas gâcher sa bonne humeur. J’ouvre le paquet et je découvre une boite à chaussure avec les initiales Louboutin.
- Je ne peux pas accepter Cass ! je m’écris.
- Cela fait deux ans que nous nous sommes rencontrées, explique-t-elle en reprenant son sérieux. Je voulais que tu saches que j’ai rencontré beaucoup de personnes mais jamais quelqu’un comme toi. Tu es vraiment importante pour moi et je voulais sceller cela par un cadeau. Alors s’il te plait ne refuse pas avant de l’avoir ouvert. En plus il ne coute pas si cher que ça.
- Je ne sais pas quoi te dire, j’avoue les larmes aux yeux.
- Alors ouvre-le.
Je soulève le couvercle de la boite et je découvre une paire d’escarpin noir vernis. Je laisse tomber les larmes sur mes joues car je suis secouée par l’émotion.
- Ne pleure pas ! crie Cassidy. Ton maquillage va couler.
Je laisse mon amie éponger mes larmes avec un mouchoir.
- Ça me fait vraiment plaisir mais je n’ai rien pour toi.
- J’ai déjà ton amitié et c’est bien assez précieux, réplique mon amie.
Elle peaufine son maquillage puis revêt une robe bleue marine en dentelle ainsi que des talons à lacets de la même couleur. Je prends mon seul et unique sac de soirée blanc puis nous partons rejoindre notre taxi comme la dernière fois.
Lorsque nous arrivons au club, nous sommes accueillis par le même portier puis nous sommes rapidement rejoints par Blake, le cousin de Cassidy.
- Vous êtes toujours parfaites les filles ! nous complimente-t-il de bonne humeur.
Nous sommes arrivées plus tard que la semaine passée et le club est déjà plein. Cassidy regarde son portable puis me traine au bar. Elle fait signe à son amant en compagnie d’autres hommes.
- Je te présente mon amie Lise, s’exclame-t-elle. Et voici Julian, il est directeur adjoint d’une banque.
Un détail qu’elle n’a pas précisé je note dans mon esprit. Les regards de ses compagnons se tournent dans ma direction et non vers mon amie.
- Commande ce que tu veux, m’indique-t-elle. Moi je vais danser avec Julian.
Elle me laisse en compagnie des trois confrères de son amant. Je savais qu’elle allait me laisser tomber mais je suis contente d’être venu pour la surveiller. Je n’ai pas confiance en mon amie quand elle s’en va avec un verre de rhum. Je commande un mojito histoire d’avoir les idées claires, pas comme samedi dernier.
Je me retourne ensuite pour regarder les danseurs sur la piste tout en buvant ma boisson. Je parcours l’assemblée du regard parce que je me sens observée. Mes yeux se posent sur des pupilles vertes. Merde, j’avais une chance de l’éviter mais impossible de passer un jour sans le voir visiblement.
Le professeur Grayson ne cesse de me regarder et il ne semble pas ravie de me retrouver ici. Je remarque qu’il se trouve en compagnie de deux femmes à peine plus jeunes que lui. Il détourne enfin la tête lorsque l’une d’elle lui fait signe de se concentrer sur la conversation. Je le vois serrer son poing sous la table et je déduis clairement qu’il n’écoute pas la discussion de ces dames.
- Sympa la soirée, commente une voix près de mon oreille.
J’étais tellement concentrée sur Grayson que je n’ai pas remarqué l’un des amis de Julian s’approcher de moi.
- J’adore ce genre d’ambiance, je réponds en me tournant amicalement vers lui.
L’inconnu doit avoir à peine trente ans et vêtu d’un costard comme la plupart des clients d’ici. Il n’est pas trop mal si on aime les hommes BCBG. Je pose mon verre vide sur la table puis je recommande un autre mojito.
- C’est pour moi, ajoute l’homme en déposant un billet sur la table.
- Non c’est pour moi, clame une voix forte et colérique dans mon dos.
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