Chapitre 45 - Soulagement

6 minutes de lecture

Timothy

Après la seconde convocation dans le bureau du doyen, je me sens enfin soulagé. Ma provocation de la veille a porté ses fruits. J’ai fait exprès de hausser le ton face au président de l’université pour qu’il joue en ma défaveur lors de la réunion du conseil d’administration.

Tout a fonctionné comme je l’ai prévu. J’ai été renvoyé et Elizabeth garde sa place au sein de la faculté. Je n’aurais pas fait long feu en tant que professeur mais j’ai gagné une femme merveilleuse à la place.

Je ne vais pas rater une occasion de faire rager Nancy. Désormais, elle ne peut plus rien faire contre moi.

- Timothy ? s’étonne-t-elle à l’autre bout du fil.

- Nancy, je suis content de t’avoir au téléphone, je commence avec un peu trop d’entrain. Je t’annonce que j’ai été renvoyé.

- De toute l’histoire de l’université, tu es le professeur qui aura tenu le moins longtemps à son poste, ricane-t-elle avec méchanceté.

- Je t’appelle pour te remercier de m’avoir dénoncé, je reprends en me retenant de jubiler.

- Me remercier ? demande-t-elle de nouveau abasourdie.

- Elizabeth conserve sa place en tant qu’élève et j’ai été renvoyé, je poursuis lentement pour lui faire comprendre que j’ai gagné. A la fin de cette semaine, je ne serais plus son professeur et je devrais plier bagage. Ce qui signifie que notre relation ne peut plus être condamnée.

- Je n’arrive pas y croire, rumine Nancy.

- Au lieu de me faire souffrir et de me déstabiliser, tu as accéléré la légalité de ma relation avec Elizabeth, je conclu sans retenir un sourire.

- Je n’en ai pas fini avec toi ! s’écrie-t-elle.

- Je ne tiens pas à savoir jusqu’où ira ta vengeance alors j’ai assemblée moi-même des preuves. J’ai enregistré les quelques messages de Natasha et toi lorsque vous étiez en train de me demander de l’argent. Si tu continues à me pourrir la vie, j’irais voir la police avec les preuves que tu m’as fait du chantage. Et crois qu’avec l’influence et l’argent de ma famille, je te ferais tomber.

- Espèce de salop !

- Je t’en prie Nancy, j’espère que tu n’as pas cru que j’allais laisser les preuves s’évaporer dans la nature. Dominée par ton esprit de vengeance, tu as laissé pas mal de traces concernant ton chantage, je termine.

Nancy raccroche. Je suis plus que satisfait de cet échange. Je pose mon téléphone dans la veste de mon costume puis je commence à ranger mon bureau. Des cartons vides m’attendaient déjà devant la porte. Je n’ai plus qu’à tout mettre à l’intérieur et quitter cette université.

Malgré tout, cette expérience en tant que professeur a été très enrichissante. J’ai fait la connaissance de plusieurs collègues et j’ai acquis des compétences dans l’enseignement.

Lorsque je sortirais de ce bureau, je ne pourrais plus y retourner. Je vais terminer les cours de la semaine puis je ne serais plus considéré comme un professeur de l’université de Cambridge. Une page va bientôt se tourner et je devrais trouver un autre travail.

Je n’ai plus envie d’être chercheur indépendant. Je vais chercher des offres parmi les différentes organisations internationales en physique et astronomie.

Le manuel pour les étudiants sera bientôt publié. Grâce à Elizabeth, j’ai gagné beaucoup de temps sur l’écriture et notre travail verra bientôt le jour.

Je termine de ranger des classeurs dans un carton plus gros que les autres. Il me faut plusieurs minutes avant de réussir à les faire entrer.

Je regarde une dernière fois, le bureau où Elizabeth travaillait avec moi. J’ai l’impression que cela fait une éternité que nous n’avons pas étudié dans cette pièce alors que cela ne fait que quelques semaines.

Je dépose mes cartons devant ma porte. Comme je ne peux pas porter tout ça seul, je demande à un agent de sécurité de m’aider à monter tout cela jusqu’à ma voiture.

A mon grand soulagement, il ne pose aucune question sur mon départ. Même s’il ne me connait pas, il pourrait se montrer curieux et bavard. Je n’aime pas les personnes qui jacassent devant n’importe qui.

Une fois dans la voiture, je me sens seul. Même si je suis heureux d’avoir été renvoyé à la place d’Elizabeth, ce genre d’annonce est toujours mauvaise pour l’égo.

Je retrouverais ma bien-aimée à la fin de la semaine. Pour le moment, je ne dois pas essayer de la voir. Il est inutile de prendre des risques si près du but. Le moins que je puisse faire c’est lui envoyer un message. J’espère qu’elle ne m’en voudra pas trop.

Je suis sûre qu’elle pense que j’étais insensible lorsque nous étions dans le bureau du doyen. Au contraire, j’avais envie de la prendre dans les bras pour lui assurer que tout se passerait bien. Je ne voulais pas croiser son regard pour ne pas risquer de me compromettre. Le doyen ne comprends pas notre relation alors je ne voulais pas risquer de le faire rager en regardant Elizabeth avec amour.

J’arrive chez moi sans m’en rendre compte. Je fais plusieurs trajets pour ramener les cartons jusqu’à mon domicile. Je range mécaniquement les livres et classeurs sur mon étagère.

Je retire ma veste de costume puis je m’assoie sur le canapé en soupirant. J’ai vraiment hâte que cette journée se termine. Il me reste encore un cours à donner cet après-midi.

Mon téléphone bipe pour me signifier que je viens de recevoir un nouveau texto. Je saute sur ma veste pour prendre l’appareil. Je suis déçu de constater que ce n’est pas Elizabeth mais Georges.

Il me propose de le rejoindre ce soir dans un restaurant chic de la ville. Etant donné que je me sens seul, je décide d’accepter sa proposition. Il ne devait pas rester jusqu’à ce soir mais peut-être qu’il a fait une exception pour tenter de me voir à nouveau.

***

Le soir venu, je rejoins mon ancien professeur Georges Higles au restaurant de l’hôtel Hilton. Je m’attendais à mieux de sa part même si cette chaine est très bien réputée.

Je suis vêtu de mon costume de la journée. Je n’ai pas fait d’effort particulier sur mes vêtements. Quelques femmes me jettent un coup d’œil admiratif mais je n’y prête plus attention depuis longtemps.

L’époque où je répondais à leur clin d’œil est révolu. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’une seule femme dans ma vie.

- Je pensais que tu n’allais pas accepter mon invitation, me confie Georges en me saluant.

- Je n’allais pas refuser une seconde fois.

- Comment ça s’est passé avec le doyen ? Ce n’est pas un homme facile.

- J’ai été renvoyé, je déclare calmement en regardant le menu.

- Je m’en doutais, avoue Georges. Je vais faire jouer mes contacts pour t’aider à trouver un nouveau travail.

Je ne dis rien. Il ne faut jamais refuser une proposition comme celle-ci. Aujourd’hui c’est un coup de pouce incontournable dans le monde du travail.

- Comment est-ce que tu vis cette situation ? demande-t-il en refermant la carte.

- J’ai protégé Elizabeth, c’est tout ce qui compte, je réponds sans plus de détails.

Je vois les rides de ses pommettes se contracter pour émettre un léger sourire.

- J’espère que cette petite réussira avec ou sans toi.

- Qu’est ce que tu veux dire ? je demande en relavant la tête.

Le serveur vient prendre notre commande et coupe court à notre conversation. Lorsqu’il s’en va, je regarde Georges avec méfiance.

- Qu’envisages-tu avec elle ?

- Nous vivrons ensemble dans mon appartement, je déclare brusquement. Je ne vais pas la laisser vivre seule dans cette cage à lapin. A la fin de sa licence, nous verrons ce que nous ferons ensuite.

- Je te conseille de quitter la ville, intervient Georges. Vous ne pourrez jamais vous balader tranquillement sans risquer de vous faire surprendre par des élèves. Même si vous n’êtes plus retenus par votre relation professionnelle, vous n’êtes pas à l’abris d’un scandale. De plus, je ne suis pas sûr que le doyen apprécierait.

Georges est peut-être vieux mais il a raison. Il suffit qu’un seul élève nous reconnaisse pour que toute l’université soit au courant et balance l’affaire aux médias. Cela serait très problématique pour Elizabeth. Je ne tiens pas à ce qu’elle se fasse harceler à cause de moi.

Je discuterais de ce point important avec elle lorsque nous nous reverrons à la fin de la semaine. Il est impossible pour nous de rester dans cette ville. En compensation, je la ferais entrer dans une autre grande faculté. Harvard, Oxford ou Stanford devrait faire l’affaire.

J’ai beau ne pas apprécier qu’on me dise ce que je dois faire, Georges a toujours la solution à tout. Il est comme un second père pour moi et je préfère approuver ses conseils pour le rassurer. Tel que je le connais, il va m’envoyer plein de messages pour savoir quelle décision je vais prendre. En parlant de père, je vais devoir discuter avec le mien un jour ou l’autre…

Maintenant, je n’ai qu’une hâte : terminer la semaine et retrouver ma bien-aimée.

Annotations

Vous aimez lire WrittenByChloé ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0